Entretien avec Henri LOEVENBRUCK pour son roman Le mystère Fulcanelli, troisième volet des aventure d’Ari Mackenzie, sortie aux éditions Flammarion et J’ai Lu.
Cathie L. : Pourquoi et comment avez-vous choisi le sujet « Fulcanelli » comme base pour un thriller ésotérique, au passage très bien ficelé, sujet tombé dans l’oubli depuis les années 60 ?
Henri LOEVENBRUCK : D’abord parce que c’est un sujet qui m’a toujours intéressé, sur lequel je suis tombé adolescent, et que j’ai toujours gardé dans un coin de ma tête l’idée d’un roman inspiré de cette histoire. Ensuite parce que c’est un sujet qui me permettait d’illustrer une nouvelle fois le propos que j’ai tenu dans tous mes thrillers dits « ésotériques » : la vérité historique est bien plus merveilleuse que l’affabulation fantaisiste. On peut s’intéresser à l’ésotérisme sans sombrer dans le charlatanisme, à condition de le prendre pour ce qu’il est : une méthode intime et indicible de travail sur soi, et non pas un charabia rocambolesque et sensationnaliste.
CL : On sent à la lecture de votre roman la très solide documentation. Combien de temps de recherches avez-vous consacré à ce roman ?
HL : En réalité, je me suis intéressé à ce sujet pendant près de vingt ans, puisque je n’ai cessé de lire tout ce qui sortait au sujet de Fulcanelli depuis mon adolescence. Mais c’était pas curiosité, pas dans l’optique précise d’écrire un roman. Le mystère de son identité – une amusant mascarade – est un véritable jeu romanesque qui se prête à merveille au genre policier. Le jour où je me suis donc décidé à en faire un roman, il m’a fallu un peu moins de deux ans pour vraiment consolider ma documentation.
CL : Avant de songer à écrire ce roman, manifestiez-vous un intérêt particulier pour l’ésotérisme et les sciences occultes ?
Oui. Je me suis toujours intéressé à l’ésotérisme, non pas pour ce qu’il aurait de magique ou de fantastique, mais bien pour ce qu’il comporte de volonté sincère chez l’homme de se dépasser, de s’améliorer. L’ésotérisme m’intéresse quand il est humaniste et progressiste. En revanche, les sciences occultes… (deux termes qui me semblent d’ailleurs totalement antinomiques), elles ne m’ont jamais réellement intéressé pour autre chose que leur aspect romanesque…
CL : N’ayant pas lu les deux premières enquêtes de Ari Mackenzie, j’ai fait sa connaissance avec « Le Mystère Fulcanelli ». Comment avez-vous construit votre personnage? Vous êtes-vous inspiré d’une personne de votre connaissance ?
HL : Ari est, je dois le confesser, une caricature romancée de ma propre personne, mais avec le physique de mon plus vieil et plus fidèle ami… On n’écrit jamais aussi bien que sur ce que l’on connaît parfaitement.
CL : Visitez-vous toujours les lieux que vous évoquez dans vos romans ?
HL : Presque toujours. Et je le fais équipé d’un enregistreur pour prendre des notes vocales au fur et à mesure de mes visites. Quand vraiment je ne peux pas visiter un lieu que je décris, je me documente avec acharnement.
CL : J’aime beaucoup la façon dont vous mêlez érudition et divertissement ( j’ai lu également « Le Testament des Siècles » et j’ai dévoré la saison 1 de « Sérum »). Pensez-vous que les livres, les librairies et les bibliothèques sont voués à disparaître à plus ou moins court terme ?
HL : Les livres et les bibliothèques ne disparaîtront jamais. Peut-être que le numérique finira par l’emporter réellement sur le papier – ce dont je continue de douter, même si cela fait dix ans qu’on nous le prédit, cela tarde à venir – mais les livres, soient-ils numériques, continueront d’exister. Pour les libraires, il ne faut pas se voiler la face, cela va être de plus en plus compliqué, et cela me désole profondément. Nous avons laissé crever les disquaires. Nous devons nous battre pour protéger les libraires, qui ont un rôle social à tenir aussi essentiel, à mon goût, que le bon vieux bistrot du coin.
Un grand merci à Henri Loevenbruck pour sa gentillesse et sa disponibilité…et pour ses romans que nous souhaitons nombreux à venir…