Un thriller étouffant dans la chaleur de l’Amérique du Ku Klux Klan.
- Éditions De Saxus le 28 février 2019
- Pages : 498
- ISBN : 9782378760229
- Prix : 21,00 €
PRÉSENTATION ÉDITEUR
Comté de Woodbridge, Alabama, 1963.
En pleine ségrégation raciale, le Ku Klux Klan répand la terreur au nom de la suprématie blanche alors que la communauté noire fait entendre sa voix pour obtenir plus de droits. C’est dans ce contexte explosif qu’un fait divers va mettre le feu aux poudres. Un matin, le corps d’une jeune blanche violée et battue à mort est retrouvé dans les bois. Elle n’est autre que la fille d’un riche entrepreneur de la région qui est lui-même membre du Klan.
Qui a bien pu la tuer ? Pour les autorités, ça ne fait aucun doute : c’est l’œuvre d’un Noir. Peu avant le drame, la victime avait écrit au FBI, car elle craignait pour sa vie. Le Bureau dépêche alors sur place l’un de ses agents afin de tirer l’affaire au clair. Ce dernier va découvrir qu’elle a été tuée et il va se retrouver au cœur de la haine des hommes, face à une vérité dérangeante…
L’AVIS DE LAURENT FABRE
« J’ai fait un rêve … »
Le célèbre pasteur américain, Martin Luther King Jr., prononça un des plus grands discours de l’histoire des Etats-Unis sinon de l’humanité. C’était le 28 août 1963.
L’histoire d’Un fruit amer de Nicolas Koch se situe quelque peu en amont de la même année, alors en pleine ségrégation raciale, c’est le meurtre brutal d’une jeune fille blanche qui va mettre le feu aux poudres d’une situation déjà sous haute tension raciale d’un comté de l’Alabama, Woodbridge.
Dépêché récemment sur place pour une autre affaire, l’agent spécial du FBI Dwayne Olsen ignore encore tout du piège dans lequel ses supérieurs de Washington l’ont envoyé …
« Ici, en Alabama, c’est chez nous … »
L’auteur ne s’en cache pas, s’il a déjà publié plusieurs ouvrages historiques, il revendique aujourd’hui son premier roman, un thriller édité chez De Saxus, Un fruit amer.
Autant ne pas tourner autour du pot, les premières pages donnent rapidement le ton, une ambiance qui vous glace le sang pour peu que vous soyez sensible et humain, essayez de vous mettre, un petit instant, à la place d’une personne de couleur dont toutes les lois vous oppriment, vous agressent, vos valeurs, vos droits et la liberté d’être ne sont pas à l’ordre du jour, dans cette tension irrespirable et une atmosphère suffocante, j’ai été aspiré par une plume brillante quand il s’agit de vous faire sentir la morsure du brasier, de ressentir les souffles de haine raciale, de respirer les odeurs nauséabondes, l’entame percutante et révélatrice d’un grand roman attend le lecteur au détour des chapitres pour confirmer tout le talent d’un auteur mais aussi un potentiel croissant à nous faire ouvrir les yeux, comme une piqûre de rappel, comme si l’actualité quotidienne ne suffit pas, plonger dans le passé pour comprendre le présent et inversement, j’ai fait un cauchemar …
« D’un côté il y a les blancs et de l’autre, eh bien, une sous-classe, celle des noirs … »
Comme pour la chasse aux juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale, cette sensation de persécution vécu par les gens de couleur pourrait faire écho à tous peuples du monde entier brimés et spoliés de leur héritage ancestral, aujourd’hui comme hier, distinguer des races supérieurs d’autres, pris en tenaille dans les pinces d’acier et glaçant des discours de suprématie et d’hypocrisie enragée, d’injures racistes ou discriminatoires, aussi accablants et hostiles que les regards ou les gestes se répercutent dans les moeurs et la noirceur du coeur, l’auteur a réussi le pari fou de reconstituer cette peur oppressante de l’Amérique profonde de 1963, de jour comme de nuit comment trouver la force de se relever encore, chaque fois, dans l’espérance et le salut d’une ère nouvelle, les personnages sont tous criants de justesse d’authenticité, dans les camps opposés, j’ai adhéré au style spontané et quasi familier de l’auteur à nous faire pénétrer au plus près du coeur de l’âme de chacun, dans le tourbillon des pensées en gestation, dans les échanges verbaux autant que de ses combats dérivés, un thriller exceptionnel est alors en train de d’émerger et de s’affirmer, mots après mots, page après page, la longue et lente marche vers des destins funestes marquent leurs empreintes, le climat torride et sauvage du Dixie Land (comprenez les Etats du Sud comme le Mississipi et l’Alabama) n’est pas étrangère à cette torpeur qui ne manque pas de vous faire traverser votre échine, des séquences bouleversantes achèveront de vous convaincre que la manière forte de vous impliquer émotionnellement, pour ne pas interroger votre niveau d’empathie, le souffle de la liberté n’est alors qu’une utopie réservée aux écrivains ou autres artistes marginaux.
Le loup et l’agneau …
Ce contexte historique et social, Nicolas Koch l’a judicieusement dilué dans le récit pour se concentrer davantage sur une intrigue tortueuse dont vous saisirez assez tôt toute la complexité et l’urgence d’un état proche de la loi martiale où chaque coup porté par l’autre, allusion au jeu d’échecs, les blancs et les noir, chaque pion pèsera de tout son poids pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, le rythme flirte avec le crépuscule et l’imprévisible de l’humain, une lecture anxiogène quand les protagonistes s’épuisent et semblent demeurer impuissant, cette lente et inexorable fuite d’un brasier n’est que le début d’un mauvais rêve.
Effrayant et d’une noirceur comme seul les grands auteurs sont capable d’écrire et de décrypter la part sombre de l’humain dans toutes ses couches, il n’en faut pas plus pour saluer encore, si la première partie (sur les trois du roman) ne vous a pas convaincu jusque là.
Le Ku Klux Klan et moi …
Rien ne manque à l’appel des sirènes de ce que le thriller nous offre de plus haletant et addictif, un contexte politique et historique explosif, des lieux de perdition ou baignés d’une aura irrationnelle, des personnages tourmentés mais terriblement humains à la fois, une interaction toujours cohérente dans la progression du récit, l’ambiance est clairement l’un des arguments réussis pour capter la température et la radiographie d’une société en proie avec ses vieux démons, les cendres brûlantes de la haine et du racisme, collectivement ou individuellement, le combat reste le même pour tous, survivre …
Une humanité rongée et gangrenée par le poids du passé et de ses fantômes obscurs, le fossé creusé entre les riches et les pauvres, la frontière délimitant les blancs et les noirs, rarement un roman ne m’aura autant fait saisir l’essence de la différence et par dessus-tout du mal, l’acidité latente, remonter aux sources n’est pas une sinécure pour découvrir l’indicible, j’ai vécu cette lecture en apnée, s’imprégner de chaque page comme si le diable pouvait se cacher entre les lignes et vous sauter au visage à la première faiblesse, Un fruit amer c’est un aussi un peu le combat entre David et Goliath.
Inévitablement, cette image prégnante de la caméra de Alan Parker dans Mississipi Burning, une référence cinématographique en la matière, a surgi pendant ma lecture, cette succession de voitures affublées du drapeau sudiste sillonnant la longue et rectiligne route, aidée par le relief du vallon, apparition et disparition se relayant jusqu’à voir finalement apparaître le spectre de la mort aux portes des opprimés, cette montée de la violence délétère, l’arbre qui est le témoin de scènes atroces se voudra l’ultime repère que l’histoire retiendra, les racines n’ont pas fini de repousser comme l’herbe piétinée, le sang coagulé dans les veines d’un monde devenu de plus en plus aliéné et poussé à son paroxysme.
Un thriller sans concession, Un fruit amer est un premier roman exemplaire pour comprendre et ressentir toute l’épouvante d’une situation aux prises avec la folie des hommes, un sentiment de malaise grandissant au fil des pages, ne versant jamais dans le spectaculaire, c’est du brute de décoffrage, je retiens notamment cette image reflétée à travers l’un des personnages-clés, l’incompréhension et la stupeur devant la fatalité, cette question qui deviendra vite le leitmotiv de tout un chacun … « Pourquoi ? »
Vous aurez peut-être une partie de la réponse à la fin de la lecture, une plume marquante et bouleversante, indiscutablement une nouvelle force littéraire vient de balayer des idées reçues, pas de manichéisme ni de facilité narrative, un pavé de 500 pages lancé dans la mare pour réveiller les consciences, pour espérer un monde juste et égal, pour continuer à scander « Plus jamais ça », surtout un grand thriller, une claque magistrale qui m’a littéralement sonné !!!
Coup de coeur et au coeur !!
L’AVIS DE CLÉMENCE
L’auteur nous emmène , pour son premier roman, au cœur de L’Alabama dans les années 1960 en pleine ségrégation. La loi n’étant pas la même pour tout le monde, nous allons découvrir deux clans les Blancs et les Noirs.
Les Blancs sont considérés comme supérieurs et les Noirs doivent être à leur service. Mais le début de leur révolte est ici évoqué avec de grands personnages que nous connaissons comme Rosa Parks et Martin Luther King.
Cette révolution n’est pas au goût de tous, et encore moins de ceux des membres du Ku Klux Klan qui font régner un climat de terreur.
On débute l’histoire avec la découverte du corps d’une jeune femme, sauvagement assassinée. Et là, vous vous dites encore un corps retrouvé dans les bois, une jeune fille…on a tous déjà lu ça et pourtant il ne faudra pas vous arrêter là au risque de louper une lecture captivante.
Revenons-en à cette jeune fille. Elle est issue d’une riche famille influente et fille d’un des membres principal du Ku Klux Klan. Vous voyez venir le bazar n’est-ce pas ? Et bien ce n’est pas fini, Meredith, de son prénom, craignant pour sa propre vie enverra une lettre à un journaliste du coin ainsi qu’au FBI. A-t-elle eu raison de ne pas faire confiance à la police locale ?
Je ne vous en dirai pas plus, je vous laisse le plaisir de découvrir cette histoire palpitante.
Nicolas Koch nous offre un magnifique retour en arrière, avec des faits historiques dont nous avons tous connaissance, mais raconté d’une manière tellement passionnante. Loin de moi les cours d’histoire ennuyeux de mon parcours scolaire.
Suspens, enquête, tension seront les ingrédients de cette lecture toute en sensibilité.
Pas besoin de surenchère, de gore, de sang , les faits se suffisent à eux-mêmes.
Je me suis sentie complètement intégrée à l’histoire, véritable personnage parcourant les rues chaudes de l’Alabama et ressentant cette peur inhérente au climat de tension.
Les personnages ont été le petit bémol de mon début de lecture. Ils étaient trop nombreux et je ne savais plus qui était qui…J’ai failli abandonner mais je me suis accrochée pressentant une belle histoire. Et puis la mayonnaise est montée, les personnages principaux ont été épluchés et je m’y suis attachés (pas à tous…).
Excellente découverte que la plume de cet auteur que je suivrai sans hésitation dans ses prochaines aventures.
Un fruit amer est un thriller étouffant qui vous emmènera en pleine guerre des couleurs.
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