INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Manufacture du Livre en aout 2015 Simon Carrière, policier, a planté le gyrophare sur le toit de sa voiture, seule alternative pour se rapprocher au plus près d’une scène macabre. Toute la cité est bloquée et tous ses habitants présents : jeunes encapuchonnés et pères de famille en une masse compacte, encore sous le choc, mais près à en découdre. Les femmes et leurs enfants aux fenêtres ou hululant depuis les balcons : une jeune fille du quartier vient de se suicider… Le capitaine Humbert enquête lui sur la disparition d’Aude : elle a été exécutée pour une embrouille de stups. Reste la violence de sa mise à mort. Il y a certainement autre chose derrière tout ça. Séquestrations, violences, balances et autres coups bas, c’est le lot du trafic de stups. Mais Dijon, ce n’est pas encore Marseille, Paris, Lyon ou Grenoble… La dope, ici, ce sont quelques familles, dont des membres sont en contact avec des grossistes basés dans des villes plus importantes. Il y a eu de belles affaires, mais on voit surtout des groupuscules plus anarchiques, quelques lascars qui font des trajets en Hollande pour ramener du produit, jusqu’à ce qu’ils finissent par se faire serrer par la douane volante à Gevrey-Chambertin. On est loin de la French Connection… A moins que les forces de l’ordre ne soient tout simplement trop aveugles pour voir dans ces gosses élevés de travers, pervertis par le fric facile des trafics et entraînés aux luttes viriles et à la violence, l’ombre d’une réalité inéluctable où le viol serait pratiqué comme une arme dissuasive, une arme de pouvoir aussi destructrice qu’une kalachnikov. Tournantes, violences faites aux femmes par des trafiquants de stupéfiants, disparitions de jeunes femmes : mélangeant plusieurs intrigues très contemporaines et nourrie aux faits divers qui ont défrayé la chronique judiciaire, Marie Vindy nous plonge dans un univers à la fois d’une grande proximité – une région et son quotidien avec des personnages auxquels il est aisé de s’identifier – et glaçant par la noirceur qu’il révèle. Son plus grand roman noir. Chiennes nous permet de retrouver les personnages croisés dans une Femme Seule et Cavales : l’action se déroule au sein de la section de recherches de la gendarmerie nationale. (Source : Manufacture du Livre – Pages : 383 – ISBN : 9782358871044 – Prix : 18,90 €) |
L’AVIS DE MURIEL LEROY
Ce roman se situe dans la cite de Dijon, il nous parle des caïds, trafiquants de drogues notoires et connus des services de police. Les filles, quant à elles, subissent la loi de la cité et en sont les boucs émissaires… Elles se font enlever, violer et parfois tuer afin de prouver que les plus forts ce sont ces caïds ! Le viol devient une arme de destruction et permet de faire taire les plus récalcitrants face au déshonneur ! Ce qu’elles subissent est alors nié, seul compte le fait que personne ne le sache. Les parents deviennent, à leurs corps défendant, complices de ces atrocités.
La police, quant à elle, malgré toute sa bonne volonté, est dépassée, impuissante ! Comment faire son travail, quand tout le monde se tait ? Ceux qui osent dénoncer sont frappés, menacés et parfois reniés par la famille, malgré le drame subi.
Ce livre, d’une grande intelligence, met en avant ce que tout le monde préfère éviter de savoir, le viol ! Il reste dans nos sociétés un sujet de honte, les victimes ne parlent pas ou peu par culpabilité. Rares sont celles qui osent porter plainte et dans les cités où les familles sont majoritairement musulmanes c’est pire encore ! Même non consentant, le rapport sexuel reste est un sujet de déshonneur ! Nous avons le sentiment, en lisant ce livre, que nous sommes restés aux siècles derniers. Cela fait froid dans le dos de voir ces victimes, rejetées de la société, mises de côtés par soucis de confort. La vie, dans les cités, loin d’être paradisiaque, montre à quel point aussi les jeunes sont souvent démunis. Ils sont retirés de leurs familles, parfois, et vont de foyers en foyers, compliquant ainsi la réinsertion. La drogue, les trafics attirent alors les adolescents sans repère, sans reconnaissance. Cela devient donc un moyen de s’affirmer, de se faire respecter ! Le récit apporte donc un éclairage sur l’intégration, la vie en cité et l’incapacité de la police à faire régner l’ordre !
Les personnages et l’histoire sont là très bien travaillés le vocabulaire précis et vivant de telle sorte que cela fasse vrai, les mots sont froids, acérés et violents… On s’attache aux policiers et aux victimes et on déteste ces caïds, qui pour dominer, écrasent les autres ! C’est de cela qu’il s’agit principalement dans le livre. La domination des plus forts sur les plus faibles, notamment les femmes rabaissées au terme de chiennes, qui doivent se plier ou être humiliées ! Dire que l’on est au 21ème siècle et trouver encore ce type de comportement archaïque laisse pantois !
Ce livre mérite largement d’être lu, car il met en lumière le viol et ses conséquences sur les victimes, la peur de parler et surtout le courage de la police. Elle doit faire face au silence et tenter par tous les moyens d’aider les victimes, moyens qu’elle n’a pas mais qu’elle cherche. Marie Vindy ne donne pas de solution, car il est très dur de donner des leçons ; mais montre de façon très précise les failles de notre système. Elle nous met ainsi face à notre responsabilité, face à ces jeunes sans avenir, dans une société trop permissive et de laisser pour compte. Ce livre laisse sans voix, atterré ! Assurément un de mes gros coups de cœur de cette année !
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