Présentation Éditeur
L’histoire d’un homme dont le parcours de vie et les rencontres vont modifier en profondeur son rapport aux autres en général, et aux femmes en particulier. Une réflexion captivante et féministe sur la réalité bien définie de masculinité toxique. Et qu’aura été cette toxicité des trente dernières années, sinon l’expression d’un surmoi manipulateur aux comportements misogynes faits de langage outrancier et de jugements de valeur stéréotypés ? Ce surmoi s’incarnera à travers Daniel, un être dont toute l’existence sera commandée par cette masculinité toxique typique d’une époque en pleine effervescence. Un être découvrant par hasard chez lui à Montréal, l’écrivaine Nelly Arcan, dont il fait avec Sade son idole, une référence ontologique ultime. Il pourra, dès lors, s’abandonner sans entraves à ses déviances obsessionnelles durant son séjour comme hôtelier à Miami, puis comme revendeur d’œuvres d’art à Paris. Une fuite en avant caractérisée par l’expérience transformatrice que sera la tentative de suicide dramatique de Claudia, son amie de cœur des dernières années.
La boîte de Pandore venait de s’ouvrir avec éclat : plus rien désormais ne faisait obstacle aux retours des démons. Il put revoir avec une clarté cristalline, sa première « aventure » de l’ombre au collège, dans la broussaille du déni et le souterrain du pulsatif…
L'avis de Nicolas Bücher
Suicide d’une masculinité toxique de Marc Sinclair : comment des rencontres peuvent bouleverser une vie
Daniel a eu un parcours de vie débridé, aussi bien professionnellement que sexuellement. Les différentes rencontres qui ont rythmé son existence et les différents choix qu’il a faits ont énormément modifié son rapport à autrui, et surtout son rapport aux femmes. Ce roman, publié aux éditions Spinelle, entre en profondeur dans les déviances obsessionnelles d’un homme dont l’existence est commandée par une masculinité toxique.
Daniel vit à Montréal. Il découvre un jour le roman d’une certaine Nelly Arcan, intitulé « Putain ». Immédiatement, il tombe sous le charme des mots de ce livre qui lui parlent, bien qu’il soit abasourdi de voir à quel point ce que dit l’auteure est cru. Le contenu de ce texte est un véritable guide de vie pour lui. Il donne un sens à son existence, à ses choix et à ses actions. Et des mauvais choix (ou du moins des choix qui l’ont emmené dans la mauvaise direction), il en a fait beaucoup, jusqu’au jour fatidique. Mais a-t-il véritablement compris le message de ce roman ?
Au fil de ses rencontres et des opportunités de vie qui s’offraient à lui, Daniel a fait d’innombrables expériences. Il a été courtier, hôtelier, bouquiniste, marchand d’art. Et chacune de ces vies a été l’occasion de faire des expérimentations : expérimentations professionnelles et sexuelles. En effet, les unes n’allaient jamais sans les autres car elles amenaient de nouvelles rencontres, et donc de nouvelles opportunités. Courtier en valeurs immobilières, il roule sa bosse avec des magouilles. Mais pour compléter le tableau, il lui manque tout de même une chose : des filles. Peu à peu, il devient obsédé par le concept de groupies et de starfuckers comme le chante Mick Jagger. Arnaqué par son ami, une nouvelle opportunité s’offre à lui : une connaissance lui propose un investissement associé dans un hôtel à Miami. Le voilà parti au pays des bombes sexuelles, des starlettes et des jet-setteurs. Et très vite, c’est la dérive. Plus il obtient ce qu’il veut, plus il en veut. Il réserve une chambre de son hôtel aux prostituées et couples passionnels dont il se repaît de leurs ébats en regardant par un trou dans le mur. Drogue et sexe deviennent très vite son quotidien. Tout tourne autour de la chose et il est même parvenu à se construire une vie autour, grâce à son hôtel. Son obsession est insatiable, et quand la culture gay commence à devenir tendance, il ne veut pas louper le wagon en marche, et compte bien s’en servir pour développer son commerce…
Des expérimentations, il va en faire beaucoup d’autres. Mais dans cette descente aux enfers, dans cette dérive de toutes les obsessions, une femme va tout de même rester présente auprès de lui. Il s’agit de Claudia, la seule à s’être véritablement intéressée à lui. Cependant, elle a elle-même déjà subi un passé très difficile, alors jusqu’à quand pourra-t-elle subir toutes les humiliations qu’il lui fait vivre ?
« Suicide d’une masculinité toxique » est un roman qui traite d’énormément de sujets : la déchéance, l’obsession sexuelle, la dépendance, mais aussi la volonté de comprendre le rapport homme / femme dans une relation, la place de la femme dans les désirs des hommes, les prostituées, le suicide…
Je pourrais vous en parler pendant des pages et des pages tellement ce roman de Marc Sinclair est dense, fouillé, recherché, dans des domaines comme l’histoire et la littérature, la psychologie et la psychanalyse… C’est un roman qui m’a beaucoup marquée. Il est cru, brut. L’auteur n’y va pas par quatre chemins. C’est une lecture dont je vais me souvenir longtemps.
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