Interview de l’auteure Alice QUINN

Rencontre avec l’auteure Alice QUINN à l’occasion de la sortie de son prochain roman  » La lettre froissée », en janvier 2018 aux éditions City.

Alice Quinn

Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Alice Quinn, pouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?

Pour faire court : après avoir été « ouvreuse » de cinéma, j’ai décidé de réaliser des films. Après quelques courts métrages et un boulot de décoratrice de cinéma, je me suis attaquée au scénario de long métrage et là j’ai calé. Pour que mes histoires ne restent pas langues mortes, je les ai transformées en romans et j’ai eu mon premier roman édité en jeunesse (c’était une comédie policière). Après plusieurs romans édités par des éditeurs traditionnels, j’ai craqué. J’aurais voulu en vivre et surtout j’aurais apprécié de me sentir bien traitée par les éditeurs. Respectée, reconnue, aimée, pourquoi pas ? Alors j’ai pris une grande décision : je n’enverrai plus rien aux éditeurs, je ne voulais plus agir en mendiante, je n’accepterai d’être de nouveau éditée que si la demande venait de l’éditeur. C’est juste à ce moment là que j’ai vu passer le premier train de l’autoédition numérique. Je l’ai pris avec le sentiment de retrouver ma jubilation d’antan. Chaque jour était une découverte et un bonheur. C’est ainsi j’ai eu la chance de voir mon premier roman en indépendante devenir numéro 1 des ventes numériques en France en 2013. Depuis ce jour, je vis de ma plume, et je suis ce qu’on appelle une auteure hybride. À la fois éditée en indépendante, ou par AmazonPublishing, ou traduite en anglais par AmazonCrossing, ou éditée par des éditeurs traditionnels. J’adore. Tout ce que j’écris aboutit à sa finalité essentielle : rencontrer des lecteurs.

JP : Comment vous est venu l’envie d’écrire ? À quelle période ?

Je viens d’un milieu où devenir écrivain ne pouvait même pas me venir à l’idée. Mais ma mère nous racontait des histoires. Et elle m’a transmis ce goût. Ensuite j’ai grandi, j’ai connu d’autres mondes. Faire du cinéma a été une façon de faire ce qu’elle m’avait transmis, ce que j’aimais par dessus tout : raconter des histoire. L’écriture a commencé avec les scénarios de films. Et j’ai dû ensuite apprendre à les transformer en écriture de romans.

JP : Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)

Avant tout il s’agit de rencontres avec un personnage. Ou plusieurs. Ce sont eux qui vont incarner mon histoire. Ces personnages font forcément partie intégrante d’un thème que j’ai envie de traiter, mais parfois cet aspect m’échappe. Ensuite, je m’applique à tracer les grandes lignes de l’histoire afin de pouvoir m’adosser à quelque chose qui me rassure. J’essaie de savoir la fin de l’histoire, même s’il m’arrive de la transformer complètement en cours d’écriture. Depuis quelques temps j’écris un vrai séquencier, un scène par scène du début à la fin. Ensuite, je n’ai plus qu’à dérouler l’écriture, et les bonnes surprises m’arrivent par les réactions des personnages, leurs répliques, parfois même leur mauvaise volonté. En fait quand mon personnage est solide, qu’il a de l’épaisseur, c’est lui qui mène la barque à l’intérieur du maillage.

JP : Quelle est la genèse de votre prochain roman « La lettre froissée » ?

Alice QUINN - La lettre froissee - Tome 1
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Il m’est arrivé au cours de mes ateliers d’écriture dans des lycées de Cannes de me balader dans la ville avec les profs d’histoire et de lettres à la recherche de traces de l’Histoire. Je voulais faire écrire aux élèves des nouvelles policières se déroulant à Cannes à la Belle-Époque. Et durant tout l’atelier, je piaffais à leur côté, car je rêvais d’écrire ces nouvelles à leur place. Petit à petit des personnages se sont imposés. Et si l’héroïne était née au Suquet ? Et si elle s’était prostituée pour s’en sortir, très jeune ? Et si elle avait besoin d’une gouvernante ? Et si une noble anglaise se présentait pour cette place ? Et si cette noble anglaise était donc déclassée, puisqu’elle avait besoin de travail ? Et si elle aimait les femmes ? Et si elles faisaient alliance contre le monde pour s’en sortir ensemble ? Et si elles rencontraient Maupassant ?

Et là, j’ai su que ce serait la cerise sur mon gâteau. Que j’allais me régaler à écrire et à me plonger dans cet univers. J’adore depuis toujours Maupassant et longtemps j’ai ressenti une sorte de nostalgie en pensant qu’il avait vécu à Cannes, qu’il y avait eu un bateau, et qu’il y avait passé ses derniers jours d’hommes « libre » avant de sombrer dans la folie.

Et si à eux trois, ils tombaient sur le corps sans vie d’une jeune femme de chambre que Lola aurait connue dans son enfance ? Et si ça me permettait de parler de Cannes, cette ville où les plus riches et les plus pauvres se côtoyaient déjà ? Où les contrastes de classe nourrissaient une richesse humaine incroyable ?

Tout était dans un coin de ma tête et je n’avais jamais le temps de l’écrire. Un jour, un merveilleux jour, un éditeur m’a demandé si j’avais une idée qui me tenait à cœur. J’ai raconté tous mes « et si… » , il a été séduit, et pour la première fois de ma vie, j’ai été payée pour écrire avant même d’avoir couché le premier mot du roman sur un papier. J’ai décidé que puisque j’avais 3 personnages, ce serait une trilogie. Enquêtes à la Belle-Époque.

JP : Y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspirée ?

Loa Deslys et Miss Fletcher n’ont pas vraiment existé, même si elles sont inspirées de cas de figures emblématiques de l’époque, et si elles incarnent la grande difficulté des femmes de ce temps à trouver leur place, une place, tout simplement. Maupassant, tout le monde le connaît. Oui, lui, il a existé. Il y a de nombreux personnages secondaires qui ont existé, le maire, certaines dames patronesses, le commissaire Valantin, le docteur Buttura. Et d’autres, non. C’est un panachage subtil, qui m’a demandé des heures de recherches documentaires.

JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre livre et sa parution  ?

Non, grâce à ce conte de fée. J’avais l’éditeur avant même de commencer à écrire. Et je savais que le roman serait traduit en anglais. Un rêve. Un confort extraordinaire. Et j’ai été accompagnée tout au long de l’écriture. J’avais le sentiment de voler librement dans le ciel, mais en toute sécurité.

JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs ?

Pour l’instant le roman n’est pas encore sorti, mais une des remarques amusantes de l’une de mes bêta-lectrice a été que le roman lui avait donné une folle envie de boire du champagne. Un autre de mes bêta lecteurs m’a confié qu’il n’avait pas dormi de la nuit pour le finir. Mais bon, mes bêta lecteurs m’aiment bien.

JP : Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture ? (Musique, peinture, cinéma…) À part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?

J’aime le cinéma et les séries télé. J’aime lire pardessus tout. J’aime les chats. J’aime les gens. J’aime les écrivains, et les cinéastes, grâce à eux, je m’évade. J’aime la gentillesse. Je suis gourmande. J’aime sortir boire des apéros et regarder passer les gens dans la rue en devinant ce qui fait leur vie, leur quotidien. J’aime écouter les conversations des gens. Rien que de très ordinaire.

JP : Quels sont vos projets ?

Je termine le tome 2 de cette trilogie. Puis je vais commencer à réfléchir au tome 3 et fin. Et je dois aussi terminer le tome 5 (et fin aussi) de ma série « Au pays de Rosie Maldonne ». Tout ceci va me prendre entre 2 et 3 ans. Ensuite, je repartirai sur un autre roman historique, mais pas forcément policier.

JP : Quels sont vos coups de cœur littéraires ?

J’en ai une infinité. Mais pour rester dans la tonalité de La lettre froissée, je dirai Wilkie Collins ?

JP : Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman ? À moins que le silence suffise ?

Le bruit des vagues, de la mer, du ressac, avec un fond d’Erik Satie dont les notes de piano se dilueraient dans le lointain.

JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?

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Merci à polar Zonelivre de m’avoir offert cette jolie page pour présenter mon roman, La lettre froissée.

Bonne lecture à ceux qui se plongeront dans son univers.

JP : Merci à vous, Alice Quinn, d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.


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Jérome PEUGNEZ
Jérome PEUGNEZ
Co-fondateur de Zonelivre.fr. Il est le rédacteur en chef et le webmaster du site.

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