Rencontre avec l’auteure Elodie TIREL, à l’occasion de la sortie de son roman A double tour aux éditions Les Presses Littéraires.
Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Elodie Tirel, pouvez-vous me décrire votre parcours ?
Élodie TIREL : Je suis née en 1972, à Caen, en Normandie, mais j’ai grandi à St-Malo, ma grande fierté. Après un bac S avec mention et l’envie d’étudier la médecine, je me lance finalement dans des études d’espagnol et décroche mon Capes en 1995. Mariage avec mon chéri, naissances de nos deux adorables filles, tout s’enchaine pour mon plus grand bonheur. Et en 2007, je me lance un nouveau défi : celui d’écrire un roman jeunesse. Ce sera le début d’une grande aventure. Car j’y prends tellement de plaisir que j’enchaîne les romans et les séries : L’elfe de Lune, Zâa, Mémoris, E-Den, Epsilon… tous parus chez Michel Quintin, éditeur au Québec.
Mais l’envie de me lancer dans la cours des grands me titille et, en 2018, j’entame l’écriture d’un thriller psychologique pour adultes : « À double tour », publié début 2021, aux Presses Littéraires.
JP : Quelles étaient les lectures de votre enfance ?
ET : À mon époque, il n’y avait pas autant de choix qu’aujourd’hui dans les romans jeunesse. Les grands classiques de la bibliothèque Rose dont « Oui-oui », puis Verte « Le club des cinq », et les « Alice, détective » ont bercé mes premières années de lectrice. Puis j’ai vite pioché dans la bibliothèque de mes parents, découvrant les grands auteurs classiques, Balzac, Flaubert, Zola, Voltaire… Puis j’ai eu ma période Égypte antique durant laquelle j’ai dévoré tous les romans de Pauline Gedge et de Christian Jacques. Au point que je voulais devenir égyptologue…
JP : Comment vous est venu l’envie d’écrire ? A quelle période ?
ET : J’ai toujours aimé lire ; quand je suis devenue prof, j’ai pris l’habitude d’aller emprunter quelques titres au CDI du collège. J’ai découvert des romans jeunesse pleins de fraîcheur et de créativité, ma préférence allant aux romans d’aventures, fantastiques, Fantasy, dystopie et science fiction. Un beau jour, je me suis dit « Est-ce que je serais capable d’en écrire un ?? ». Et je me suis lancée. Mon mari, tout d’abord sceptique, m’a vite encouragée. Il est devenu mon premier lecteur et mon premier fan. Une fois l’écriture terminée, j’ai testé le roman auprès d’élèves, de façon anonyme, puis face à leur enthousiasme, j’ai frappé aux portes de maisons d’édition. En 2007, les éditions Milan publient « Les héritiers du Stiryx ».
JP : Vous avez écrit de nombreux romans jeunesse, pouvez nous en dire quelques mots ?
ET : Mon premier roman connaît un succès fort honorable (environ cinq mille titres écoulés) mais le vrai succès, je vais le connaître grâce à Michel Quintin. Totalement conquis par le manuscrit Fantasy que je lui envoie, il me demande d’en faire une série de douze titres ! Voilà un défi comme je les aime ! La série « L’elfe de lune » va séduire des milliers de jeunes lecteurs en France et au Québec et se vendra à plus de deux cent mille exemplaires. Trois autres séries suivront : Zâa, E-Den (dystopie) et Epsilon (science-fiction) et un one-shot futuriste, Mémoris.
JP : Quel est votre « modus operandi » d’écriture ? (Votre rythme de travail : le matin, soir, combien de temps…)
ET : Au début, j’étais un peu une « boulimique » de l’écriture ; j’écrivais beaucoup, tout le temps, et surtout le soir, me couchant parfois très tard… Maintenant, avec l’âge, je suis devenue plus zen et raisonnable. J’écris essentiellement pendant les vacances scolaires et durant mes temps libres. Le matin de préférence. J’ai l’esprit plus alerte et je suis plus efficace.
Sur un cahier, je note mes idées, la trame de l’histoire, le portrait de mes personnages ; je dessine des cartes, des schémas, des frises chronologiques… Je suis très « visuelle ». Puis, une fois que tout est en place, je me mets à écrire, sur l’ordinateur. Quand je commence un roman, je sais toujours comment il se terminera. Ça m’évite de me perdre en chemin. Mais le chemin est parfois plus tortueux et mouvementé que je l’avais imaginé au départ !
JP : A l’occasion de sa parution, aux éditions Les Presses Littéraires, pouvez nous parler de votre roman « A double tour » ?
ET : L’idée de « À double tour » est née lors qu’un séjour romantique à Jersey avec mon mari. Sous le charme des paysages, de l’ambiance, du dépaysement (et du magnifique hôtel), j’ai imaginé une histoire à la fois surréaliste et terriblement ancrée dans la réalité. Celle d’une femme qui perd son enfant et qui sera prête à tous les sacrifices pour le retrouver.
Karen tient une galerie dans le centre de Saint-Hélier. Son beau-père croit lui faire plaisir en lui offrant un immense tableau du XVIIIème siècle, de style romantique. Mais l’aversion de la jeune femme pour la toile est immédiate. Le sentiment de malaise qu’elle ressent au départ se transforme en angoisse puis en véritable peur lorsque les personnages se mettent à changer de position, que des lumières s’allument dans la tour, que des objets disparaissent de chez elle pour se retrouver dans le tableau. Son mari commence alors à douter de sa santé mentale. Mais lorsque leur petit garçon de cinq ans disparaît à son tour, l’histoire vire au cauchemar.
Face aux vaines recherches de la police, Karen décide de mener l’enquête elle-même. Et ce qu’elle va découvrir la conduira bien plus loin qu’elle n’aurait jamais imaginé. Un secret enfermé à double tour, au fond de son âme, va ressurgir, terrible, dramatique et poignant…
Sortez vos mouchoirs !
JP : Votre roman se déroule à Jersey, pourquoi avoir choisi cette ile ?
ET : Jersey n’est qu’a deux heures de bateau de Saint-Malo. Avec mon mari, on adore aller s’y ressourcer. C’est une île vraiment charmante. La vie y est paisible, la lumière magique. Et on revient toujours avec plein de thés, des short breads et des cupcakes colorés.
J’avais envie d’y situer mon histoire parce que j’aime sincèrement cette île et que j’avais envie de la faire découvrir à mes lecteurs.
JP : Dans votre roman, y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
ET : Tous les personnages sont fictifs, comme toujours dans mes romans. Karen est une maman aimante, très proche de son fils, très complice mais qui sait aussi mettre des limites quand il faut. Elle adore son mari, son travail et cuisiner pour ceux qu’elle aime. Comme moi. Mais les ressemblances s’arrêtent là, je pense…
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman « A double tour » ? A moins que le silence suffise ?
ET : J’écris toujours dans le silence. Mais, je verrai bien une longue ballade, belle et émouvante, à la Ludovico Einaudi.
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre roman et sa parution ?
ET : J’ai terminé « À double tour » fin 2018. J’ai commencé à chercher un éditeur dès novembre, en ciblant dans un premier temps les grosses maisons d’édition. Qui ne rêve pas d’un succès à la Chattam ou la Thilliez… ? Mais je suis vite retombée sur terre. Pas de réponse ou la petite phrase stéréotypée « Nous sommes au regret de vous annoncer que vous ne correspondez pas à notre ligne éditoriale ».
J’ai poursuivi mes recherches et mes envois, par mail uniquement. Je refuse catégoriquement d’imprimer des centaines de pages qui finiront à la poubelle. C’est une aberration écologique. Et puis, j’ai découvert par hasard Les Presses Littéraires, dans un hebdomadaire grand public qui faisait la promotion d’une de leurs nouveautés. Je me suis dis « Pourquoi pas, tentons ! » Et ça a marché !
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos livres ?
ET : Lors de salons, de dédicaces, de rencontres scolaires, j’ai eu l’occasion de rencontrer énormément de lecteurs (jeunes ou moins jeunes). Beaucoup m’écrivent aussi via Facebook. Nos échanges sont toujours très plaisants et enrichissants. Leurs remarques parfois me questionnent. Pourquoi ce besoin d’écrire ? Pourquoi le fantastique et pas une histoire avec des ados « normaux » ? Comment on trouve des noms de trolls ? Pourquoi telle fin et pas une autre ? Est-ce qu’il y a un peu de moi dans mes héros ? Ou même dans les méchants, aussi cruels que sadiques ??? Bonnes questions !
JP : Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?
ET : Oui, j’adore cuisiner de bons petits plats pour régaler ma famille, je lis aussi beaucoup (surtout des polars et des romans historiques) et j’aime passer du temps avec ceux que j’aime. Balades, séries, petits week-end en amoureux. Mon mari et mes filles sont mon énergie, ma vie. Je ne suis bien que près d’eux.
JP : Avez-vous des projets ?
ET : Toujours ! Je viens d’envoyer un manuscrit à Michel Quintin pour une nouvelle série jeunesse, spin-off dérivé de la série Epsilon. Elle comptera trois tomes. Le premier sortira en septembre 2021.
En ce moment, je me consacre surtout à la promotion de « À double tour » pour le faire connaître au grand public. Et je peaufine un autre roman adulte, un thriller proche des films d’horreur que j’affectionne… mais chut, je n’en dis pas plus !!
JP : Quels sont vos coups de coeur littéraires ?
ET : Je suis fan de nos auteurs français, maîtres du polar, Thilliez, Chattam, Grangé mais aussi Minier et Norek. J’achète tous leurs romans.
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
ET : Si mes lecteurs le souhaitent, je suis avide de leurs retours et toujours prête à discuter avec eux !!
JP : Merci Elodie Tirel d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
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