Rencontre avec l’auteur Lilian Bathelot à l’occasion de la sortie de son roman Simple mortelle en poche aux éditions J’ai Lu.
Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Lilian BATHELOT
Lilian BATHELOT : Bonjour Jérôme,
JP : Pouvez-vous me décrire votre parcours ?
LB : Bah, l’article Wikipedia qui me concerne le fait déjà… mal.
Mais pour faire mieux il me faudrait plusieurs vies pour raconter ma vie.
Car c’est infiniment plus long d’écrire que de vivre.
Et résumer, c’est trahir, alors, autant que ce soit fait par d’autres, que je n’aie pas à revendiquer une trahison.
JP : Quelles étaient les lectures de votre enfance ? Comment vous est venu l’envie d’écrire ? A quelle période ?
LB : Il n’y avait pas de livre à la maison quand j’étais enfant, ou très peu.
Premier livre à entrer chez moi, Marlaguette et le loup. Un chef d’œuvre d’album pour l’époque.
Le goût de la langue, je l’ai attrapé dans l’oralité de ma culture populaire, où j’étais fasciné par ces gens qu’on écoute naturellement quand ils parlent, parce qu’ils savent captiver.
J’ai vite senti comment ils s’y prenaient. Senti. Impossible à comprendre. J’ai essayé de faire de même, à ma manière, car là comme ailleurs, les recettes donnent toujours des résutats décevants et plats.
Et j’ai retrouvé ces talents à l’écrit, quand des livres ont commencé à entrer chez mes parents… Pagnol, London, San-Antonio et son frangin Frédéric Dard, le Rostand de Cyrano, et aussi celui des Étangs à monstres. C’est en les lisant que j’ai eu envie d’écrire.
Mais c’est aux prolos de mon enfance qui maniaient si bien la langue orale que je dois ce que je sais d’elle.
JP : Quel est votre « modus operandi » d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)
LB : Si j’avais une recette miracle, je l’écrirais, et je serais vite riche… car les acheteurs seraient nombreux.
L’écriture est un mystère. Une intuition, et un mystère. Rien qui puisse s’expliquer.
Et, non, le plus souvent, je n’ai qu’une vague idée de ce que sera le roman que je débute.
Et quand il est terminé, ça n’a plus rien à voir avec ce que je pensais au départ.
Mais c’est exactement là que, sans le savoir, je voulais en venir, au fond.
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de vos livres et leur parution ?
LB : Non, dès que je m’y suis mis sérieusement, vers 35 ans, j’ai été publié très vite, chez des éditeurs de talent.
JP : Quel est la genèse de votre roman « Simple Mortelle » ?
LB : J’ai mis douze années à écrire ce texte. Il avait besoin d’une gestation longue.
Je l’ai souvent laissé reposer avant de le reprendre. Il est longtemps resté à une centaine de pages… dix années, sans doute, dans différentes moutures maintes fois réécrites.
Et puis, j’ai commencé à voir où il voulait m’emmener, ce texte.
Je l’ai suivi. Mais il faisait beaucoup de détours…
Aussi, l’écriture finale a pris presque deux années de travail, de plaisir et de prise de tête.
JP : Dans vos romans, y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
LB : Ahah…
Comment faire autrement ?
Des vrais gens, oui, des personnages de roman ou de cinéma aussi, sans doute.
Mais aucun sciemment, ni parmi les vrais ni parmi les imaginaires.
Je puise dans mes intuitions pour imaginer un personnage.
Et les intuitions se nourrissent de la vie, de souvenirs, de rencontres, de ce qu’on a vécu, évidemment.
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos romans ?
LB : Dans une rencontre, il y a dix ans peut-être, une lectrice m’a affirmé que la moitié de mon travail était écrit du point de vue d’une femme.
Ça m’a surpris. Mais, textes à l’appui, elle m’a démontré que c’était vrai.
Je l’ignorais, ce n’était pas voulu.
J’en suis tombé sur le cul.
Et le fait est que, sans le vouloir davantage, c’est resté vrai par la suite.
J’écris précisément à demi pour une femme, à demi pour un homme.
JP : Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?
LB : J’en ai mille.
Mais toutes ne sont pas avouables.
Dans celles qui ne sont pas trop immorales ou illégales, je suis un escaladeur convenable (6c/7a et ED avant de vieillir), un tireur (armes longues et courtes) de bon niveau (vice-champion de France dans diverses disciplines), un golfeur de niveau honorable (bogey player) mais j’ai surtout joué au golf dans la nature, autant par manque de fric que par souci écologique, et je suis aussi un picoleur de première bourre.
JP : Avez-vous des projets ?
Trop.
JP : Quels sont vos coups de coeur littéraires ?
LB : Bah, je n’en ai pas vraiment… Sur un passage, parfois, une phrase, une intuition saisie de manière fulgurante qui me scie net.
Mais le plus souvent, quand j’y reviens, ce n’est plus la même chose.
Comme dans la vie, quoi. Va savoir d’où vient la fulgurance d’un instant.
Pas reproductible en tout cas.
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité vos romans ? A moins que le silence suffise ?
LB : Heu… Moi, la musique, pas trop mon truc. Je préfère la mécanique. 🙂
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
LB : Oui, on trouve facilement ma piste sur Internet.
JP : Merci Lilian BATHELOT d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
LB : Merci à vous, Jérôme.
En savoir plus sur Zonelivre
Subscribe to get the latest posts sent to your email.