Rencontre avec l’auteur Cédric Sire à l’occasion de la sortie de son roman La Saignée aux éditions Fayard.
Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Cédric Sire, pouvez-vous me décrire votre parcours ?
Cédric SIRE : Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été un amoureux des histoires de peur et des romans de suspense. Dès mon adolescence et durant des années, j’ai commencé à écrire dans mon coin, pour mon seul plaisir, avant d’oser envoyer des histoires courtes à des magazines. Ces premières nouvelles sont parues au début des années 2000, alors que je finissais mes études d’anglais.
À l’époque, je naviguais entre de petits boulots alimentaires, j’ai notamment été gardien de nuit pendant plusieurs années. Un éditeur m’a approché pour publier un recueil du meilleur de mes nouvelles, puis, l’année suivante, c’est mon premier roman qui est sorti. C’est là que, professionnellement, la machine s’est lancée. Après tout, raconter des histoires est la chose que j’aime le plus au monde !
J’ai donc peu à peu cessé mes petits emplois d’alors, comme celui de traducteur ou de journaliste, pour ne plus me consacrer qu’à l’écriture à plein temps. Depuis, je vis de ma passion, j’ai conscience que c’est une chance précieuse.
JP : Quelles étaient les lectures de votre enfance ?
CS : J’ai pris le goût des bonnes histoires en dévorant des romans d’aventures. La série Bob Morane, notamment, m’a longtemps accompagnée. Mais, dans l’ensemble je lisais vraiment tout ce qui me tombait sous la main. Au fil des années, j’ai découvert la fantasy avec J.R.R. Tolkien, puis l’horreur (et ce que je considère comme la grande littérature, celle qui marque, celle qui change le monde, celle qui reste) avec Stephen King. Une révélation pour moi.
JP : Comment vous est venue l’envie d’écrire ? À quelle période ?
CS : Je devais avoir douze ou treize ans quand j’ai ouvert mon premier roman de Stephen King. Ses histoires étaient incroyables, car elles s’enracinaient dans le quotidien réaliste de la classe moyenne, mettaient en scène des questions existentielles d’actualité, et en plus étaient diablement divertissantes. J’ai commencé à écrire en copiant son univers, au collège et puis au lycée. Je peux dire que King m’a appris à écrire.
JP : Quel est votre « modus operandi » d’écriture ? (Votre rythme de travail : le matin, soir, combien de temps…)
CS : Quand je suis en période d’écriture, qui peut durer entre six mois et un an, je me lève tôt et je vais courir (cela me permet de réfléchir sereinement). Puis je prends mon petit déjeuner et je m’installe pour une journée de travail. Celle-ci peut varier : certains jours, je passe du temps au téléphone ou bien je rends visite à des professionnels (policiers, médecins) pour discuter, me renseigner sur des détails de leur métier qui me seront utiles dans mon récit. Je vais aussi visiter les lieux où se déroulent mes scènes afin de prendre des notes, des photos… D’autres jours, j’élabore soigneusement le plan du roman, que j’affiche sur les murs de mon bureau. Et, bien sûr, je passe beaucoup de temps à écrire, relire, reprendre mon texte jusqu’à ce qu’il soit parfaitement fluide, avec le rythme le plus efficace. Je ne m’ennuie donc jamais, car aucune journée ne se ressemble.
JP : Lorsque vous écrivez la première ligne de votre roman en connaissez-vous déjà la fin ?
CS : Comme les fondations pour une maison, le travail préparatoire d’un roman est essentiel pour que tout tienne droit. Savoir où je vais me permet de me sentir plus libre, et accentue le plaisir du jeu de création, de disposition du puzzle général. Bien sûr, ce n’est pas une science exacte, il arrive aussi que des éléments scénarisés à l’avance étouffent le développement naturel des personnages, et par conséquent je n’hésite pas à partir dans des directions inattendues en cours de rédaction. Le tout est simplement d’arriver à une histoire qui fonctionne et qui emporte le lecteur de la première page jusqu’à la dernière.
JP : Pouvez-vous nous parler de votre dernier roman « La saignée » aux éditions Fayard ?
CS : Ce nouveau roman évoque l’existence d’une « red room », un site auquel on accède depuis le Dark Web, la partie immergée et totalement anonyme d’Internet, et où des pervers peuvent assister à des tortures et mises à mort en direct. Des policiers, depuis Marseille et Paris, vont chercher à comprendre qui se cache derrière cette horreur. D’autre part, le personnage principal du récit s’appelle Estel : elle est garde du corps, accro à la violence, et déteste son métier et sa vie en général. Sera-t-elle une victime… ou un bourreau ? Toute la question du livre est là.
JP : Faut-il avoir lu les précédents pour lire « La saignée » ?
CS : Absolument pas, il s’agit d’une histoire indépendante, tout comme l’étaient mes romans précédents : Vindicta, Du feu de l’enfer ou encore Avec tes yeux. Je dirai même que, pour quelqu’un ne m’ayant jamais lu, je conseille de commencer par La Saignée.
JP : Dans votre roman, y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
CS : Tous les personnages de mes histoires sont issus de mon imagination. Ceci étant dit, par jeu, j’aime emprunter le nom de certains amis, que je donne à des personnages secondaires, ici et là. Il ne faut pas y voir de message caché pour autant. Mes livres ne doivent être pris que pour ce qu’ils sont : du pur divertissement, pour s’évader de son propre quotidien.
JP : La musique est une de vos grandes passions, vous avez récemment coécrit avec Isabelle Marcelly un livre sur le festival Hellfest, pouvez nous en parler ?
CS : Isabelle et moi avons travaillé près d’un an sur ce beau livre publié aux éditions Gründ. Au sommaire, les témoignages de cent groupes s’étant produits au plus gros festival de metal de France, le Hellfest. Chaque s’exprimant dans ces pages y aborde des thèmes qui lui sont chers, comme le rapport à la musique ou au public, l’évolution de son travail, ou bien des anecdotes drôles ou poignantes vécues dans le cadre de ce festival. C’est une manière ludique de mieux connaître le Hellfest, mais aussi de découvrir certains groupes incontournables qui font l’histoire du rock et du metal. Sans oublier que le livre est richement illustré par de somptueuses photos.
JP : Ma question précédente m’amène à me demander si vous conseillez une bande-son pour lire en toute sérénité votre roman « La saignée » ? À moins que le silence suffise ?
CS : Autant je suis un amateur de metal, que j’écoute le plus souvent en écrivant (la musique de Marduk tout particulièrement m’a accompagnée durant l’écriture de ce livre), autant les événements de La Saignée me sembleraient plutôt auréolés d’une musique électronique, comme celle de John Carpenter qu’écoute justement un des personnages. C’est un roman sur l’obsession, sur le monde de la nuit, sur les faux-semblants et les chocs des coups de poing. À un moment de l’histoire, on entend le morceau « Justify my love » de Madonna. Je l’ai utilisé, car ce morceau illustre à la perfection ce qui se passe dans l’esprit et le quotidien des personnages : les besoins dévorants, les obsessions interdites…
JP : Cédric Sire, avez-vous une facette cachée ?
CS : Nous en avons tous une, nous entretenons tous nos jardins secrets. Heureusement.
JP : Quels sont vos coups de cœur littéraires ?
CS : Je suis en pleine lecture de Feu, de Maria Pourchet. J’adore son style hypnotique. Juste avant, j’ai lu Le Signal de Maxime Chattam. Un pastiche malin et jouissif de Stephen King, qui m’a redonné un sourire d’adolescent tout au long de ma lecture. La lecture doit rester ça : du pur plaisir, de la pure liberté.
JP : Quelles sont les remarques les plus surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos livres ?
CS : Je suis toujours émerveillé que certaines personnes aient lu plusieurs fois certains de mes livres ! Mais, dans l’ensemble, je suis surtout touché de retrouver certains lecteurs et lectrices qui me suivent depuis des années, parfois plus d’une décennie même, et se passent mes livres dans la même famille, d’enfants à parents à grands-parents. Il n’y a pas de meilleur compliment pour moi.
JP : Où vos lecteurs peuvent-ils vous laisser des messages ? Votre site internet, réseaux sociaux ?
CS : Tout le monde peut m’écrire sur ma page Facebook (https://www.facebook.com/CedricSireOfficiel/) ou bien sur Instagram (https://www.instagram.com/sirecedric/). Je lis absolument tous les messages que je reçois, même si je n’ai pas forcément toujours le temps de répondre à tout le monde (mais j’essaie !).
JP : Merci Cédric Sire d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
CS : C’était un plaisir. Et j’espère retrouver les lecteurs et lectrices lors des rencontres et signatures organisées par l’éditeur, que ce soit en librairie ou lors de salons littéraires. L’agenda est mis à jour régulièrement sur mon site web : https://www.cedric-sire.com/
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