PRÉSENTATION ÉDITEUR
Art Keller, ancien agent de la DEA, est recruté par le sénateur républicain O’Brien pour participer à une opération officieuse au Guatemala : aider le cartel de Sinaloa, dont la mainmise sur le Mexique assure un semblant de stabilité à la région, à se débarrasser d’une organisation rivale sanguinaire, Los Zetas. La rencontre organisée entre les dirigeants des deux cartels tourne au bain de sang : les trafiquants s’entretuent et le parrain de Sinaloa disparaît. Keller retourne alors au Mexique, où il retrouve la femme qu’il aime, Marisol. Maire d’une petite ville, celle-ci résiste vaillamment aux cartels, malgré la tentative d’assassinat qui l’a laissée infirme quelques années plus tôt. Quand O’Brien propose à Keller de prendre la tête de la DEA, il y voit l’occasion de lutter contre les organisations qui sèment la mort en Amérique. Il accepte.
Après quatorze années consacrées à l’écriture de la trilogie Cartel, Don Winslow conclut l’épopée d’Art Keller avec un réquisitoire sans appel contre la gestion corrompue de la guerre anti-drogue par les gouvernements en place.
Origine | |
Éditions | HarperCollins |
Date | 16 octobre 2019 |
Traduction | Jean Esch |
Pages | 848 |
ISBN | 9791033903697 |
Prix | 23,90 € |
L’AVIS DE YANNICK P.
Art Keller arrive en tant que patron de la DEA sous l’administration Obama. Honnêtement, c’est peu crédible. Voilà le points faible de ce thriller, avec peut-être quelques répétitions. Néanmoins, le reste est comme à l’accoutumé chez Don Winslow, efficace et complet. La Frontière est le 3ème et certainement dernier tome qui couvre cette guerre contre la drogue entamée en 2005 avec La Griffe du chien puis suivi de Cartel en 2016.
La Frontière reprend où Cartel nous avait laissé. Adan Barrera est mort. Une 3ème génération se hisse à la tête des cartels, los hijos. Il s’agit des fils des anciens parrains. Mais succéder au cartel de Sinaloa, se gagne au prix du sang. L’argent généré par le marché Nord-Américain n’a d’égal que son influence sur la politique des US. Etre le nouveau parrain, avoir du pouvoir, se mérite. Dans cette guerre entre Mexique et États-Unis, ce n’est ni un mur, ni une frontière qui peut arrêter ce trafic. Alors, Arturo Keller continue malgré tout cette guerre. Bien que marié enfin à Marisol, il demeure un combattant. Certain que ce n’est pas à la base mais bien en touchant ceux qui bénéficient de l’argent, c’est donc à la tête de la DEA qu’il a l’occasion de poursuive sa lutte, parfois de manière très proche du pouvoir américain.
Don Winslow, place l’intrigue de La Frontière au cœur du blanchiment des dollars. Toujours construit par un laborieux travail de documentation et j’imagine de recueil de témoignages de dingue, il fait le lien entre l’économie américaine post 2008, et la croissance folle de l’immobilier dans le sud-ouest des US. Il met en scène un magnat de l’immobilier John Dennison qui a des vues sur la maison blanche et une aptitude à twitter des paroles incendiaires.
Fait est que Don Winslow, s’il n’oublie pas les victimes, comme Jacqui, la junkie, Nico le gamin de la décharge de Guatemala City, ou les étudiants mexicains massacrés (qu’il a fait glisser d’Iguala à Tristeza), il penche sur les liaisons dangereuses et souillées entre argent et pouvoir. Car Dennison n’est pas sans rappeler un homme dont le son beau-fils était en lien avec le précédent gouvernement mexicain, à priori assez infiltré par les cartels. On aura compris Winslow n’est pas pro-Trump.
Reste que ce pavé de 850 pages, est d’une ambition dingue. On passe de Washington au Guatemala, sans oublier Mexico ou New-York, dans un thriller politique qui n’oublie jamais que cartels et dealers sont responsables de la violence et de milliers de morts. Winslow s’il met en scène ceux qui s’entretuent et se trahissent, reste emporté par une véritable rancœur vis-à-vis de tous ceux qui profitent de la souffrance des innocents quelle que soit leur place dans la société.
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