Benjamin WHITMER : Cry father

INFOS ÉDITEUR

Parution aux éditions Gallmeister en mars 2015 Traduit par Jacques Mailhos Depuis qu’il a perdu son fils, Patterson Wells parcourt les zones sinistrées de l’Amérique pour en déblayer les décombres. Le reste du temps, il se réfugie dans sa cabane perdue près de Denver. Là, il boit et tente d’oublier le poids des souvenirs ou la bagarre de la veille dans un bar. Mais ses rêves de sérénité vont se volatiliser lorsqu’il fera la rencontre du fils de son meilleur ami, Junior, un dealer avec un penchant certain pour la bagarre. Les deux hommes vont se prendre d’amitié l’un pour l’autre et être peu à peu entraînés dans une spirale de violence. (Source : Gallmeister – Pages : 320 – ISBN : 9782351780893 – Prix : 16,50 €)

L’AVIS DE PIERRE-MARC PANIGONI

Après avoir été conquis par « Pike » le 1er roman de Benjamin Whitmer, je tente son 2eme dans lequel il reprend les mêmes thématiques que dans Pike, mais j’y reviendrai plus tard.

Tout commence avec Patterson Wells, élagueur de zones sinistrées. Quand il ne travaille pas, il se réfugie au fin fond du Colorado, seul avec ses souvenirs de son fils décédé des suites d’une erreur médicale. Son isolement est quelquefois coupé par Henry, son meilleur ami. Tout bascule le jour où Patterson rencontre Junior, le fils de son ami. Une amitié nait entre eux, mais leurs vices respectifs et leur tendance commune à l’autodestruction les emmènent toujours plus près du précipice. Ils le savent, mais ne feront rien pour l’empêcher…

Vous qui entrez abandonnez toute espérance…

L’inscription au-dessus de la porte des enfers semble résumer à la perfection l’ambiance globale de ce roman, et de l’univers de Benjamin Whitmer. En effet, après « Pike », l’auteur peint une nouvelle fois une Amérique d’une noirceur absolue, qui est décrite comme un monde de violence, de drogue dans lequel les personnages se complaisent, car ils sont plus que désabusés.

Dès la rencontre des protagonistes, nous sommes certains d’une chose : les choses vont mal finir, et nous allons les accompagner jusqu’au bout.

Même si nous prenons un minimum de distance avec ce roman, nous nous apercevons qu’il n’y a pas qu’eux qui sont perdus…mais tous les personnages. Dans ce roman que se soit les hommes, les femmes, les vieux ou les jeunes tous sont paumés.

Tous paumés, mais tous responsables de leurs sorts, car à force d’agir contre le bon sens on finit toujours dans l’œil du cyclone. C’est ici une des forces de ce roman et de cet auteur : il nous présente des hommes et des femmes totalement perdus et dangereux pour eux même, mais Whitmer est là en observateur et nous raconte cela sans prendre de parti, sans excuser, sans condamner. Ceci donne une dimension de noirceur encore plus dense, car nous pouvons que nous dire que chacun est le résultat de ses choix et qu’il est inutile de se cacher derrière de fausses excuses.

Comme je l’écrivais pour « Pike », il y a du Baudelaire dans cet auteur. Il arrive à faire du beau avec du noir, le lyrisme de la narration donne un roman avec un faux rythme qui met en relief un réalisme sous-jacent criant.

Si vous aimez les romans noirs, foncez, foncez et foncez sur ce roman. Ce livre de Benjamin Whitmer est un très bon noir qui fait apprécier encore plus le noir. Je finirai en disant simplement qu’une fois de plus Neonoir fait mouche. Une collection à suivre assurément.