Stephen KING : Trilogie de Bill Hodges – 02 – Carnets noirs

Un plaisir de lecture sans bornes, jonglant entre personnages et époques, une l’impression de vivre leur histoire avec eux.

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PRÉSENTATION ÉDITEUR

En prenant sa retraite, John Rothstein a plongé dans le désespoir les millions de lecteurs des aventures de Jimmy Gold. Rendu fou de rage par la disparition de son héros favori, Morris Bellamy assassine le vieil écrivain pour s’emparer de sa fortune, mais surtout, de ses précieux carnets de notes. Le bonheur dans le crime ? C’est compter sans les mauvais tours du destin… et la perspicacité du détective Bill Hodges.

Après Misery, King renoue avec un de ses thèmes de prédilection : l’obsession d’un fan. Dans ce formidable roman noir où l’on retrouve les protagonistes de Mr. Mercedes (prix Edgar 2015), il rend un superbe hommage au pouvoir de la fiction, capable de susciter chez le lecteur le meilleur… ou le pire.

Origine

Flag-ETATS-UNIS

Éditions Albin Michel
Date 2 mars2016
Éditions Le Livre de Poche
Date 27 septembre 2017
Traduction Océane Bies, Nadine Gassie
Pages 576
ISBN 9782253083276
Prix 8,90 €

L’AVIS LAURE CHIRON

Un nouveau King, pour moi c’est toujours un peu la fête, alors après le réussi Mr Mercedes, j’étais heureuse de retrouver Hodges et son équipe pour une nouvelle enquête. D’ailleurs, bien que Carnets noirs soit présenté comme une suite, il peut être lu indépendamment de Mr Mercedes, même si c’est toujours mieux de connaître la psychologie d’un personnage récurrent. Pour une fois je n’ai pas lu le 1er pour aller directement sur le second, et c’est assez appréciable de constater que je m’en suis très bien sortie (je m’épate toute seule des fois !).

Comme souvent dans ses titres, Stephen King consacre le premier tiers du livre à la présentation et au positionnement de ses personnages et va droit au but : une bande de jeunes tuent et s’approprient les carnets Moleskine d’un écrivain renommé, qui a abandonné les aventures de son personnage à succès après le 3ème tome. Ces carnets ne sont autres que des manuscrits, qui n’ont jamais été publiés. Ils n’oublieront pas le magot qui va avec, d’ailleurs. Ce n’est certes pas sans rappeler Misery, mais la comparaison s’arrête là. J’ai adoré cette entrée en scène des futurs (ou presque) protagonistes de l’histoire, ainsi que le clin d’œil fait au tome précédent. A partir de là, il reste deux tiers du livre, on se dit qu’on a tout compris, on s’attend à être déçus de la suite et de la fin qu’on pense avoir devinée, mais non. Je suis pourtant une habituée du King, et là encore il a réussi à me bluffer.

Je suis repartie dans un plaisir de lecture sans bornes, jonglant entre les personnages et les époques que l’on suit de près, j’ai eu l’impression de vivre leur histoire avec eux. Puis vient l’empathie pour certains personnages, le « gentil », comme le « méchant », et surtout pour Pete Saubers, gamin dont la famille peut éclater à tout moment, qui découvre un « trésor » et sera au centre de l’intrigue.

Quant à l’empathie que j’avais éprouvée pour Hodges et son équipe dans Mr Mercedes, Carnets Noirs ne fait que la confirmer, et je vais être heureuse de les retrouver dans le dernier tome.

Sans oublier ce qui caractérise King et qui pourrait dérouter les lecteurs néophytes : tous ces petits clins d’œil à se précédents romans, qui sont juste savoureux et m’ont arraché des sourires à de multiples reprises. C’est un aspect du travail de Stephen King que j’adore, même si quelques mauvaises langues le targuent d’être un chouya égocentrique.

J’ai passé un superbe moment de lecture, et je remercie les éditions Albin Michel pour cette belle incursion dans l’univers de mon chouchou d’auteur.

L’AVIS DE SAMUEL DELAGE

L’homme aux multiples plumes et aux personnages inimitables démontre une fois encore que les cartouches de noir ne lui manquent pas pour remplir ses carnets. Stephen King renoue avec une veine qui lui est chère, celle de l’écrivain et de son oeuvre, au coeur d’un roman où le suspense pulse au rythme des chapitres. L’oeuvre de Stephen King est émaillée de personnages charismatiques qui survivent à leurs histoires et se retrouvent, peut-être malgré eux, plongés dans de nouveaux récits. C’est la marque de fabrique de l’auteur, tout le plaisir que nous avons en tant que lecteur de se laisser conter le frisson au gré de ses pages.

Carnets Noirs fait le vide autour de vous. Sous le joug d’un pitch qui frappe, comme happé, vous plongez, sans rémission possible. Que feriez-vous d’une malle enterrée au fond de votre jardin ? L’ouvrir ? Trouver des enveloppes avec des liasses de dollars… mais pas seulement. Des carnets moleskine, par dizaines. Le poison sera-t-il l’argent ou les carnets ? Des carnets qui portent le sang d’un auteur… peuvent-ils porter malheur…

L’AVIS DE JUSTINE

Je dirais pour commencer que ce Stephen King, qui est présenté comme le second volet d’une trilogie initiée avec «Mr Mercedes»,  ne nécessite pas d’avoir lu le premier volume pour comprendre et suivre avec intérêt le deuxième. En effet, les personnages essentiels  font le lien entre les deux histoires par les références au premier  tome, souvent cité, qui  sont le ciment qui lie les principaux protagonistes de cette suite. Alors n’hésitez pas, même si vous n’avez pas lu « Mr Mercedes », laissez-vous tenter par ces « Carnets noirs ».

L’histoire démarre sur les chapeaux de roue et il en est ainsi jusqu’à la fin de ce roman obsédant, dont l’obsession est une des clés au même titre que la lutte entre la fiction et le réel qui contribuent à une bataille  pour la possession d’un même trésor entre «  le bon et le méchant. » Vous l’aurez compris, ce nouveau polar  de Stephen King a des allures de western avec ses héros, ses vilains, son décor et ses péripéties nombreuses.

Si vous êtes vous-même un lecteur(rice ) assidu de Stephen King, vous ne pouvez pas ne pas songer au troublant «Misery»,  dont l’héroïne principale, après en avoir séquestré l’ auteur, n’a de cesse, par tous les moyens possibles, de lui faire modifier l’évolution de son personnage, qui va à l’opposé de ses propres souhaits.

En effet, dans ce deuxième volet, les similitudes obsessionnelles du  personnage principal, Morris Bellamy, agresseur de l’écrivain, s’apparente à cette quête.  Morris n’accepte pas et supporte encore moins ce que Rothstein  fait vivre à son héros. Aussi, l’apostrophe-t-il ainsi : «Pourquoi, au nom du ciel, t’as pas laissé Jimmy Gold tranquille ? Pourquoi il a fallu que tu le rabaisses à ce point ? Un homme capable de faire ça ne mérite pas de vivre.» Et il le tue, on pourrait presque dire « en toute simplicité » : effrayant !

Néanmoins, problème, car dans sa folie meurtrière, et pour fêter son forfait, l’assassin de Rothstein commet un autre acte délictueux et se voit condamné à de  nombreuses années derrière les barreaux. A  sa libération conditionnelle, 35 ans après son emprisonnement, il est toujours autant obsédé par sa malle, il n’a qu’une idée en tête : la retrouver  pour enfin posséder les carnets manuscrits pour lesquels il a tué à plusieurs reprises. Quand enfin il la retrouve, il ne peut que constater qu’elle est complètement vide. Le déroulement des événements n’emprunte pas le chemin que Morris imaginait. Que s’est-il passé ?

En dire plus serait vous  gâcher le plaisir de la lecture. Vous constaterez par vous-même qu’à partir d’une trame relativement simple, Stephen King est parvenu à donner du volume à ses personnages ainsi que du complexe à des situations tragiques, en résumé, à capter notre attention tout au long de ce récit passionnant. L’enquête menée par le détective Bill Hodges , personnage essentiel du premier  volet de la trilogie, apparaît comme le fil rouge entre les deux récits et c’est avec plaisir que nous le retrouvons ici .

Vivement le troisième volet.

L’AVIS DE STANISLAS PETROSKY

Certains présentent Carnets noirs comme la suite de Mr Mercedes, je ne suis pas tout à fait de leurs avis, même si l’on retrouve le point de départ, des personnages clés, ce serait plus une histoire qui se mêle au premier roman.

Car le fond est totalement différent, dans Carnet noirs, King reprend un sujet qu’il avait particulièrement maitrisé dans Misery, le lecteur qui devient fou, le lecteur qui oublie presque l’auteur et sombre dans une folie où le héros de papier prend vie. Où il aime plus le personnage que le créateur, il oublierait presque l’homme qui écrit les histoires.

Un auteur à succès qui s’est retiré, il écrit toujours mais ne veut plus être publié, alors ses textes sont notés sur des petits carnets de moleskine noire. Un héros qui marque des générations, un premier afficionado qui pète un câble, il veut lire la suite, il ne peut accepter la trahison de l’écrivain, il n’avait pas le droit de faire du commercial, d’humilier de la sorte son personnage, on ne pouvait pas faire cela à Jimmy Gold, le Coureur…

Alors il va vouloir s’accaparer de ses carnets, commettre l’irréparable, tuer le maître.

Fin du premier acte.

On va ensuite retrouver ces carnets, et là… là je vous laisserai lire pour vous faire votre idée. La mienne est simple, j’ai aimé ce livre, un bon King, pas d’horreur, de surnaturel cette fois ci, juste une peinture décadente de notre société de consommation. Parfois quelques longueurs, j’ai parfois trouvé des passages un peu longuets —  je reconnais que plus je vieillis, plus j’aime les romans courts, comme les romans dit « de gares » des années 50, les grandes descriptions me facilitent le transit intestinales —  mais ce n’est rien, on pardonne, on pardonne non pas parce que c’est Stephen King aux manettes et que certains auteurs auraient des passe-droits, mais simplement c’est la plus belle déclaration d’amour à la littérature, au roman noir, aux livres, aux bibliophiles que je n’ai jamais lu.

Même le méchant (sic) en devient attachant de par le culte qu’il voue à son héros, King rend aussi hommage à ses lecteurs, sans lecteur un auteur n’est qu’un pisse-copie. Il faut être lu et aimé pour exister, et Stephen King montre que pour un auteur, il faut aussi aimer les lecteurs.

San-Antonio disait : Je n’écris pas pour des lecteurs mais pour des amis.

C’est peu ça qu’il retourne dans l’âme de ce livre, c’est d’ailleurs un peu ce que met Stephen King dans ses remerciements.

Bien sûr on essaiera au fils des pages de savoir si King a transposé un véritable auteur dans la fiction, qui est pour lui John Rothstein ?

Personnellement je n’ai pas trouvé, mais du coup j’ai recherché sur la toile, il serait un savant mélange de John Updike , Philip Roth  et JD Salinge ( Source The Gardian). Et c’est ça la grande force d’un écrivain comme Stephen King, il vous emmène dans son monde, vous promène au long des pages de son roman, et quand vous en sortez, vous continuez de vivre encore un peu avec ses personnages, et cherchez à démêler le vrai du faux…

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3 Commentaires

  1. Entièrement d’accord avec l’auteure de cette critique. C’est un excellent king. On le voit bifurquer vers le polar avec bonheur. Carnets noirs fait partie au même titre que monsieur Mercedes, Dr Sleeping, Revival et Joyland d’une nouvelle excellente veine après un petit coup de mou vite surmonté. Il est intéressant de noter qu’il aime à réutiliser certains opus comme Dr Sleeping avec Shining et Carnets noirs avec Mr Mercedes. Les fins (qui pour certains lecteurs exigeants) qui semblaient son point faible sont de plus en plus réussies. Ce qui, il faut le convenir, est beaucoup plus facile dans le genre polar (ou flirtant avec) qu’avec le genre horrifique ou fantastique pur et dur.

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