Stanislas PETROSKY : Ravensbrück mon amour

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INFOS ÉDITEUR

ravensbruck mon amour - petrosky
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Parution aux éditions Mosésu en mars 2015

Gunther, jeune artiste allemand enrôlé de force au moment de la construction du camp de Ravensbrück, en devient l’illustrateur officiel, obligé de mettre son talent de dessinateur au service des autorités nazies

Rien n’échappe au crayon affûté du jeune homme : l’horreur des camps, les expériences médicales, les kommandos, les mœurs des officiers, la vie, la mort.

Dans ce roman noir, Stanislas Petrosky pénètre au cœur de Ravensbrück et en décrit implacablement chaque recoin, afin de ne jamais oublier.

(Source : Atelier Mosésu – Pages : 232 – ISBN : 9791092100365 – Prix : 18,00 €)

Un mot sur l'auteur

Né en 1975 sur les bords du lac Sevan, en Arménie. Stanislas Petrosky quitte son pays à l’âge de dix-sept ans pour rejoindre la France. Il glissera dans une délinquance de plus en plus dure et connaîtra de nombreux démêlés avec la justice.

C’est lors de ses séjours à l’abri du soleil qu’il se découvrira une passion pour l’écriture, sombre de préférence, en commençant par les nouvelles. Ravensbrück mon amour est son premier roman.

(Sources : Editions Mosésu)


L’AVIS DE PIERRE-MARC PANIGONI

Ce livre je l’ai attendu dès que j’ai vu cette couverture avec ce titre intriguant et subjuguant qui se détachait : « Ravensbrück mon amour ». Comment pouvons-nous assembler dans un seul titre une telle antonymie, une telle dualité ?

Après j’ai lu le 4ème de couverture et cela m’a encore plus convaincu de le lire…ma curiosité était piquée au vif.

La Seconde Guerre Mondiale est une période de l’histoire qui m’a toujours attiré et plu. Pourquoi ? Je ne saurais dire. Une chose est cependant sure, c’est le fait que c’est l’une des périodes les plus noires de notre histoire, de l’Histoire. Écrire un roman noir dans ce contexte peut sembler facile, mais au contraire il me semble que c’est encore plus difficile de rendre noir ce qui est noir par nature, et ce sans le rendre absurde. Dans ce roman, Stanislas Petrosky y arrive à merveille.

Nous sentons la documentation maitrisée et bien construite. Chaque détail est précis, utile et servant le roman. Aucun élément n’est superflu.

Le plan et la typologie du camp sont réels, les rythmes infernaux sont corrects et je ne parle pas du Revier, l’infirmerie ou plutôt le centre expérimental barbare des nazis. Dans ce dernier point, l’auteur ne nous épargne pas. Tout est retranscrit. Toutes les expériences monstrueuses sont décrites. Mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour certains passages.

Toute cette horreur qui est présentée, nous la voyons au travers un jeune artiste allemand, Gunther, enrôlé de force lors de la construction du camp, puis dans la surveillance du camp. Par un « heureux » hasard, il devient le « Pseudokünter », le gribouilleur du camp. Ce rôle l’endurcit en surface car il doit passer au-dessus de tout ce qu’il voit afin de pouvoir survivre, car il le sait, seul son talent de dessinateur le maintiens en vie. Il prend alors son rôle à cœur, veut se servir de son œuvre pour relater tout ce qu’il se passe dans ce camp.

« Mon rôle était tout trouvé, j’aiderai les survivantes à témoigner pour que cela n’arrive plus. »

C’est de par cette fonction particulière que nous découvrons et tout ce qu’il s’y passe, même si nous avons plus de 70 ans de recul et que nous savons ce qu’il s’y passait, nous sommes surpris à chaque fois en même temps que Gunther.

« C’était l’un des mystères de ce camp, vous aviez beau vous attendre à une chose horrible, vous étiez toujours en dessous de la réalité. Pourtant, en tant qu’artiste, je pouvais me vanter d’être très imaginatif, mais jamais assez par rapport à la cruauté nazie. »

Le regard de Gunther.

C’est cela qui m’a le plus interpellé dans ce roman. Il voit ce qu’il se déroule, semble lucide du drame humain devant lui. Par le biais de ces dessins, tout est noir, il s’applique à rendre la cruauté telle qu’il la voit. Un peu comme dans la liste de Schindler et le fameux manteau rouge qui marque les esprits, car c’est ce qui frappe les mémoires en étant la seule touche de couleur, ici les seules notes de couleurs sont le rouge du sang et le vert et jaune de la pourriture. Ces 3 couleurs seulement agrémentent les croquis… je trouve ce symbolisme très fort.

Fort est effectivement le maitre mot de ce roman.

Le regard de Gunther est fort également.

Fort en émotion et en sensibilité.

Je me plais à penser Gunther est une facette de l’auteur dans une certaine mesure. Pour créer un personnage comme Gunther, il faut avoir cette corde-là, c’est-à-dire une sensibilité dosée avec justesse, faisant ressortir tous les sentiments possibles qu’un être puisse connaitre.

Niveau sentiments, voici comment nous pouvons expliquer le titre. Notre petit allemand arrive à trouver l’amour dans un camp de la mort. Ravensbrück est un camp de femme, ça aide un peu. Edna arrive au milieu du roman et apporte une véritable bouffée d’oxygène à Gunther, et à nous autres lecteurs par la même occasion. Edna représente l’espoir. L’espoir d’un futur possible, l’espoir de s’en sortir, l’espoir que l’amour n’est pas mort au milieu de cette barbarie.

L’humanité a toujours sa place, mais étrangement jamais chez les oppresseurs.

Je ne parlerai pas des autres personnages, car vous en saurez plus à la fin du livre où vous découvrirez que la majeure partie des nazis ont réellement existé et officié à Ravensbrück… comme quoi, comme bien souvent, la réalité dépasse de loin la fiction…

Pour finir, je dirai juste que ce roman est pour moi un coup de cœur. Ce genre d’effet est très rare chez moi, mais là je dois l’avouer…ce livre m’a terriblement plu, de par sa noirceur et son humanité, de par sa sensibilité et sa barbarie, de par le cœur de Gunther et la déraison nazie.

Tout est en opposition constante, mais l’ensemble est équilibré.

Si vous aimez le roman noir, si vous aimez la période [39-45] (ce livre est le 1er opus d’une série consacrée à cette période), si vous avez le cœur bien accroché, vous devez lire ce livre, et gardez à l’esprit que toutes ressemblances avec la réalité n’est pas totalement fortuite…


L’AVIS DE LUCIE MERVAL

L’Atelier Mosésu est une maison d’édition qui aime changer de style. Après la collection « L’embaumeur » dont nous avons déjà parlé sur Zonelivre.fr, voici qu’elle lance la collection 39-45 « Le roman noir au service de l’Histoire ». J’avoue qu’en littérature, je vais rarement vers des romans qui parlent de cette période, et pourtant je suis originaire d’une région où cette guerre a laissé des traces. Néanmoins en ces temps troubles, une piqure de rappel ne peut pas faire de mal, pour ne pas oublier… Pour un premier roman, c’est un projet ambitieux de s’attaquer à ce sujet.

Dans ce récit à la première personne, nous sommes Gunther, un jeune homme allemand qui ne se voit pas passer sa vie comme ses parents, à travailler à la ferme. Lui, ce qu’il aimerait, c’est être artiste, dessiner. A l’âge de 20 ans, son père lassé par ce fils qui n’en fait pas lourd à la ferme, l’envoie travailler au camp en construction pas loin de chez eux. Le régime nazi monte peu à peu en puissance. Il ne se rend pas compte de l’ampleur que cela va prendre. De simple camp de détention, cet endroit va devenir le camp des femmes, elles arriveront par convois, où les nazis vont se livrer à de terribles expériences … Pour les nouveaux nés, quand ils ne sont pas tués à la naissance, ce sont des conditions de vie déplorables (Kinderzimmer), un four crématoire sera construit à proximité du camp… Gunther a l’impression que ce n’est pas réel, qu’il est en plein cauchemar. Il est allemand mais il n’est pas comme eux, il n’a pas envie de brutaliser, de tuer. Alors, il dessine… Tout ce qu’il voit, des paysages, des portraits, en noir et blanc, parfois un peu de couleur. Il double ses dessins pour peut être un jour, témoigner. Le dessin est une passion mais aussi une façon de prendre de la distance, d’occulter cette effrayante réalité. Son talent va être vite repéré par les plus hautes autorités du camp et il va être recruté en tant que dessinateur officiel. Il sera, entre autres, chargé de réaliser un atlas anatomique. Malgré sa répulsion, son envie de vomir face à l’horreur subie par ces femmes, peut-il refuser ? Il n’a pas le choix, sinon on le tuera. Il s’en veut d’être aussi lâche, aimerait se rebeller contre l’ordre établi mais l’espoir est-il encore permis dans ce monde où règne la mort, la puanteur, le désespoir ? Alors quand il peut, il se débrouille pour trouver un peu de nourriture, aide à soigner… Son statut lui confère quelques « avantages » même si il se sait surveillé. Un jour, une lueur d’espoir dans l’obscurité… Chargé de dessiner l’arrivée d’un convoi, il tombe sous le charme d’Edna, une jeune française. Une histoire d’amour impossible en enfer et pourtant, il prendra tous les risques…

C’est un roman qui m’a vraiment pris aux tripes. L’auteur a vraiment réussi à m’immerger au cœur du camp grâce à ses descriptions des lieux, des odeurs… Descriptions insoutenables parfois quand on est réalise que tout est basé sur des faits réels. Le fait d’avoir ce « filtre » du dessinateur atténue peut être légèrement le sentiment d’écœurement et encore… On s’attache au personnage principal, qui en tant qu’allemand n’a pas demandé à participer à cette horreur. Le style de l’auteur est très visuel et fluide à la lecture. Malgré la difficulté du sujet, les pages se tournent facilement. Comme l’auteur le précise, la plupart des personnages cités ont existés et la réalité a juste été un peu distordue pour devenir une fiction. Sur ce terrain, je laisse les historiens juger… Difficile de trouver des mots supplémentaires pour en parler… On ne ressort pas indemne de cette lecture ! Un livre très noir à découvrir, pour se souvenir !!!


L’AVIS DE LAETITIA

Allemagne, 1939. Gunther, jeune artiste de talent, se retrouve bien malgré lui sur un chantier des plus macabres puisqu’il pose les premières pierres de ce qui allait devenir un enfer sur la terre des hommes : le camp de Ravensbrück. Puis, dès le monstre mis en marche, Gunther se verra désigné illustrateur officiel du camp. A lui l’horreur d’immortaliser le chaos à coups de fusain.

Le camp de Ravensbrück, le camp des femmes. Un roman sur le camp de Ravensbrück.

Mais voilà, je n’ai pas réussi à y voir un roman. J’ai bien perçu qu’il y avait le personnage fictif de Gunther, j’ai même apprécié cette petite bulle d’air quand il rencontre la belle Edna mais ça n’a pas atténué ma colère, ma honte, mon incompréhension face à l’Histoire, celle avec un grand H. Et l’auteur y va de toutes ses forces dans le sordide, dans l’horreur la plus absolue et il pousse jusqu’au détail le plus immonde et tu pleures et j’en vomis de rage. Mais il a raison bordel ! Il a mille fois raison ! On doit nous rappeler ce qu’il s’est passé dans ces camps de l’abomination. On doit le garder imprimé sur nos pupilles, imprégné dans nos chairs.
Même.

Même si ça continue ailleurs dans le monde.

Nous sommes le trente avril mille neuf cent quarante-cinq. Pour la première fois depuis six ans, je me réveille sans coup de sirène, sans sifflet, sans hurlement, sans appel (…)
Ravensbrück était devenu un mouroir, une immense morgue à ciel ouvert (…) je n’avais pas vu l’évolution globale du camp en charnier géant.

Non, je n’ai pas réussi à y voir un roman. Je n’ai eu aucun recul. Ce livre s’est retrouvé dans mes mains pour me rappeler comme l’humain peut être abject. Et chaque rappel qui m’est fait sur cette période de l’Histoire est une douleur lancinante.

L’auteur a réussi son coup, mon devoir de mémoire est réactualisé.

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