S.J. PARRIS : Giordano Bruno – Tome 1 – Le prix de l’hérésie

Royaume-uni

INFOS ÉDITEUR

S.J. PARRIS - Giordano Bruno - Tome 1 - Le prix de heresie
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Parution aux éditions 10/18 (grand format) en février 2011

Parution aux éditions 10/18 (poche) en janvier 2012

Traduit par Maxime BERRÉE

Lincoln College, Oxford, 22 mai 1583. Dans l’aube naissante, un hurlement déchire le silence. Le corps mutilé d’un homme est retrouvé gisant dans une mare de sang. Esprit visionnaire poursuivi par l’Inquisition, Giordano Bruno, comprend que son séjour ne sera pas de tout repos. Entre papistes et anglicans, partisans de Marie Stuart et de la Reine Vierge, une guerre se prépare et c’est dans la crainte d’un complot catholique, qu’Élizabeth Ire a chargé le Napolitain en fuite d’être « son oreille ». En quelques jours, la petite ville universitaire devient le théâtre de l’affrontement fratricide des enfants de Dieu. Catholiques et Protestants se livrent une bataille sans merci où les coups portés se comptent au nombre de cadavres… Chaque camp ira jusqu’au bout. Quitte à courtiser ce qu’ils combattent tous les deux : l’hérésie.

(Source : 10/18 – Pages : 576 – ISBN : 9782264056450 – Prix : 9,10 €)

L’AVIS DE CATHIE L.

S.J. Parris est le pseudonyme de Stéphanie Parris, journaliste et critique littéraire anglaise née en 1974 dans le Surrey. de 1998 à 2005, elle a travaillé dans l’édition pour The Observer. Elle a collaboré avec un certain nombre de journaux britanniques, notamment The Observer et The Guardian, pour lesquels elle continue de publier des articles. L’essentiel de son activité tourne autour de ses romans catalogués thrillers ésotériques, notamment la série avec Giordano Bruno comme personnage principal, ainsi que ses interventions à la BBC comme interviewer et dans divers festivals littéraires.

Le roman :

Le Prix de l’Hérésie, publié en 2010 sous le titre Heresy, dont la traduction française est parue en 2011, est un thriller ésotérico-historique mettant en scène le moine philosophe italien ayant vécu au XVI ème siècle, Giordano Bruno ; en effet, toute l’oeuvre reposant entièrement sur son personnage,  le roman est écrit à la première personne. Étant donné que l’Histoire en a retenu sa fin tragique puisqu’il a été brûlé vif pour hérésie en 1600, et que le présent récit se déroule en Angleterre, le lien avec le contexte religieux de l’époque se fait aisément, notamment avec des mots tels que Inquisition, Catholiques, Protestants…
Mais qui était réellement Giordano Bruno ?


Les détails de sa biographie, dont je rappelle ici les grandes lignes, sont du domaine public :
 Né en 1548 à Nola, petite ville de Campanie proche de Naples, il y reçut une éducation teintée d’humanisme et d’auteurs classiques. Il rejoindra ensuite l’université de Naples où il découvre la mnémotechnique qui constitue rapidement une de ses disciplines favorites. 
En 1565, il entre chez les Frères Prêcheurs de San Domenico Maggiore, couvent dominicain réputé dans toute la péninsule pour pour la qualité des titres délivrés. Il est ordonné prêtre en 1573 et, grâce à son exceptionnelle mémoire et son goût insatiable pour la lecture, nommé lecteur en théologie en 1575.
 Néanmoins, Giordano, qui a lu tous les écrits d’Erasme, chantre de la liberté de pensée, supporte de plus en plus difficilement le poids de l’intransigeance et de l’obscurantisme du catholicisme. La rupture qui couve depuis ses années de noviciat éclate en 1576. Moine défroqué et excommunié, il erre à travers l’Europe jusqu’en 1592, date à laquelle il est dénoncé à l’inquisition vénitienne.
 Voilà pour la biographie standard.
 Mais ce qui est fascinant chez Bruno, critique de la Renaissance, est qu’il était indéniablement en avance sur son temps et pourtant totalement immergé dans son époque, prenant une part active aux grands débats religieux et philosophiques, notamment concernant la question cruciale pour l’Eglise de l’héliocentrisme ; il incarne toutes les valeurs de la philosophie de son époque et celles de la pensée moderne: son esprit libre, sa pensée toujours en mouvement, toujours en recherche de réponses sur le monde et sur l’homme, questions toujours d’actualité…

Le contexte historique :

La reconstitution de l’esprit universitaire de l’époque, surtout oxfordien, est très réaliste avec ses controverses entre catholiques et protestants, pendant le règne de la fille d’Anne Boleyn, considérée par une partie des anglais comme une bâtarde. 
Extrait page 85 :

« C’est une histoire affligeante, docteur Bruno, et source de honte pour le collège. L’ancien sous-recteur, le docteur Allen, a perdu son poste l’année dernière lorsqu’on a découvert qu’il s’était… parjuré en prononçant le serment de fidélité. Apparemment, il était dévoué à l’Eglise romaine. »


En effet, toute l’intrigue tourne autour du contexte des luttes entre les papistes, dont la reine voudrait éradiquer la présence et l’influence dans son royaume, et les protestants, aussi intransigeants et fanatiques les uns que les autres. C’est en cela, à mon sens, que réside le véritable intérêt de ce roman.

L’intrigue :

Le Prix de l’Hérésie propose une intrigue assez classique, avec les rebondissements d’usage pour ce genre de thrillers: poursuites nocturnes dans les rues ; messages secrets ; livres cachés ; chambres fouillées ; identités usurpées ; tortures, etc.

En 1576, Giordano Bruno, âgé de 28 ans, surpris à lire les Paraphrases d’Erasme, ouvrage mis à l’index par l’Eglise alors toute puissante, est contraint, afin d’échapper à l’Inquisition, de fuir son monastère et son pays natal.

En 1583, huit années plus tard, on le retrouve à Londres, devenu espion de sa majesté la reine Elisabeth I ère. Il profite du cortège royal pour se rendre à Oxford à la recherche d’un livre perdu du sage égyptien Hermès Trismégiste qui lui permettrait de consolider ses théories quant à l’infini de l’univers. Mais, une fois arrivé sur place, le moine italien se trouve plongé au cœur des conspirations papistes, l’empêchant de mener tranquillement ses recherches. Surtout que dès le lendemain, un crime horrible est commis dans l’enceinte même de l’université. Suivi bientôt par un second meurtre tout aussi épouvantable semant le trouble et le désordre. Giordano Bruno se voit confier l’enquête afin de démasquer le ou les auteurs de ces meurtres commis en prenant pour modèle les martyrs de Saint Ignace et de Saint Sébastien. Mais sa tâche est loin d’être facile…

Les thèmes:

Les thèmes abordés dans ce roman sont aussi variés que la question religieuse et le fanatisme ; la cavale d’un moine défroqué poursuivi par l’Inquisition pour avoir étudié, entre autres, les thèses révolutionnaires de Copernic et lu des ouvrages interdits ; la condition des femmes de la bourgeoisie et de leur éducation ; la vie étriquée au sein de l’université d’Oxford.


Les personnages :


Toute une galerie de personnages impliqués dans cette histoire donne une épaisseur à l’intrigue, je pense notamment au recteur obnubilé par la réputation de son collège ; à sa fille Sophia, maintenue dans son rôle de jeune fille à marier mais dont l’esprit vif est sans cesse en recherche de réponses ; à Cobbett, le gardien qui, malgré son absence d’éducation et son esprit un peu obtus, est capable de bien plus de bienveillance que ces messieurs de l’université à l’esprit souvent rassis. 
Quelques autres portraits un peu tracés à la va-vite manquent de finesse et de subtilité, notamment le trésorier Slythurst, aveuglé par sa haine des étrangers, qui ne parviendra jamais à reconnaître les mérites de Bruno, le palatin Laski, véritable caricature du courtisan stupide et bouffi d’orgueil.

Les lieux et les ambiances :

Les lieux, notamment Divinity School de l’université d’Oxford, au sein de laquelle se déroule l’essentiel de ce roman, est très bien reconstituée ; il est aisé pour le lecteur de se retrouver circulant dans ses couloirs obscurs une torche fumante à la main, de pénétrer dans ses pièces spacieuses et mal chauffées, de manger à la table du recteur Underhill, entouré de ses proches et de ses collaborateurs.

L’auteur parvient parfaitement à nous plonger au cœur de l’atmosphère étouffante et périlleuse de cette époque troublée. On ressent la difficulté de se consacrer à sa religion sans encourir les foudres soit de l’Inquisition, soit de la monarchie anglaise. L’intransigeance et le fanatisme religieux ne sont malheureusement pas propres au passé. Et nous, hommes et femmes du XXI ème siècle, comprenons, au regard de certains événements actuels, quelle dut être la souffrance et l’inquiétude permanente dans laquelle vivaient les esprits dits « éclairés » de cette époque.

Mon avis :


Le Prix de l’Hérésie est un thriller bien construit et divertissant, mais qui à mon sens manque un peu de profondeur, notamment le personnage de Bruno qui aurait mérité d’être plus fouillé. On peut regretter, par exemple, que la disputation avec le recteur, raison officielle de sa venue à Oxford, soit à peine ébauchée, car même si cette joute orale n’avait pas de rapport direct avec l’intrigue, elle méritait certainement un meilleur traitement.

Malgré ce bémol, j’ai apprécié la reconstitution historique de l’esprit universitaire et religieux de l’époque dont S. J. Parris a bien montré la mesquinerie, ainsi que celle de l’époque élisabéthaine rarement mise à l’honneur et plutôt mal connue de nos contemporains. Je salue également son audace : bâtir une intrigue policière autour d’un personnage historique tel que Giordano Bruno, moine défroqué et philosophe hermétiste, mettant ses qualités intellectuelles au service d’une enquête policière est certainement un défi complexe pas tout à fait réussi. Gageons que le deuxième opus de cette série comblera ses lacunes.

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Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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