René MANZOR : Celui dont le nom n’est plus

Rene MANZOR - Celui dont le nom est plus-
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PRÉSENTATION ÉDITEUR

Prix Polar Francophone du Festival de Cognac 2014

Londres, au petit matin. Sur une table de cuisine, gît un homme vidé de ses organes. L’assassin est une vieille dame à la vie exemplaire.

Pourquoi cette femme a-t-elle sacrifié l’homme qu’elle a élevé comme un fils ? Elle est incarcérée. Pourtant, le lendemain, un autre homme est tué de façon similaire. Par la personne qui l’aimait le plus au monde.

À chaque fois, les tueurs, qui ne se connaissent pas, laissent derrière eux la même épitaphe écrite dans le sang de leur victime : Puissent ces sacrifices apaiser l’âme de Celui dont le Nom n’est plus…

Trois destins vont se lier autour de ces meurtres incompréhensibles: ceux de McKenna, vétéran de Scotland Yard, de Dahlia Rhymes, criminologue américaine et de Nils Blake, l’avocat de ces coupables qui ressemblent tant à des victimes. Trois destins, et trois vies détournées à jamais de leur cours. Grâce à une plume parfaitement maîtrisée, René Manzor signe un roman aux frontières de l’amour et de la mort dont on ne sort pas indemne. Un thriller haletant et dérangeant dont vous n’oublierez plus jamais le nom…

Origine Flag-FRANCE
Éditions Kero
Date Mai 2014
Éditions Pocket
Date 10 septembre 2015
Pages 448
ISBN 9782266253970
Prix 7,50 €

L’AVIS DE LAURE CHIRON

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une perle de cette littérature de genre que nous aimons tous, dans le coin. Une perle que je vais garder précieusement dans ma bibliothèque, un coup de cœur que je ne suis pas prête d’oublier.

A Londres, des gens meurent. Violemment, certes, mais pas de la main d’un quelconque serial killer ou d’un dérangé qui n’a pas eu sa dose de coke. Non, ils sont assassinés par ceux qui devaient les aimer et les protéger envers et contre tous. Rien que ça, c’est pas banal.

On démarre sur les chapeaux de roues, directement sur les lieux du premier meurtre, où on fait la connaissance d’un ours encore moins mal léché que ses congénères, d’une humeur massacrante. En même temps, une boucherie artisanale dès 8 heures du matin, ça énerve. Surtout quand il n’y a pas de café.

Ce big-foot londonien qui n’a rien de sympathique, c’est McKenna, l’inspecteur chef de Scotland Yard, qui fait partie des murs, une légende. Il est cynique, bourré d’humour noir, désagréable dès que l’occasion se présente, y compris avec ses subalternes, et ne rate pas une occasion de râler pour la moindre broutille. Alors quand il apprend qu’il va être secondé par une criminologue directement venue du pays des cowboys, Dahlia Rhymes, ça n’arrange rien… le genre de personnage que j’adore.

Très vite, le cocktail McKenna/Rhymes va s’avérer diaboliquement efficace. D’abord énervé par la présence de la donzelle, McKenna va vite se rendre compte qu’elle est redoutable d’efficacité et de perspicacité. Cerise sur le gâteau, elle a un caractère aussi pourri que le sien, les répliques acides fusent à la moindre occasion. Cette relation de défiance entre ces deux spécialistes ne durera pas bien longtemps, leurs compétences respectives sont complémentaires, et engendrent un respect mutuel qui impose le respect.

Quand je dis diaboliquement efficace, ce n’est bien sûr pas innocent ; si leurs cerveaux connectés entre eux font le lien entre tués et tueurs, sans pour autant comprendre de suite les motivations des tueurs, on assiste à une collaboration hors-normes, fusionnelle, l’un ne pouvant pas être loin de l’autre très longtemps.

Si j’insiste autant sur ces personnages, c’est parce que leur destin va être lié d’une façon que l’on n’imagine pas, qui a provoqué en moi de la tendresse, une empathie de folie pour ces personnages. Je les ai aimés, je me suis attachée à eux au-delà du raisonnable. Mais aussi parce que cet attachement prend une grande importance pour la suite de l’intrigue. Je n’en dis pas plus, sinon je vais spoiler et vous allez m’écharper !

A partir du moment où ces deux là se font confiance et travaillent de concert, tout va très vite. Les révélations s’enchainent (et pas des moindres), le côté religieux des meurtres pointe le bout de son nez (cf. l’épitaphe présente sur le résumé), dans un ballet de croyances et de rituels aussi différents les uns des autres. Ce sont plusieurs croyances qui s’entremêlent, et comme on le sait, forcément, l’une finira bien par prendre le pas sur l’autre. Sauf qu’on ne s’attend pas à celle qui dominera, et donnera les clefs du mystère à nos deux enquêteurs.

A peine le temps de souffler et de reprendre sa respiration que ça repart de plus belle. Je n’aime pas le terme pages turner quand on parle d’un livre, je n’ai pas non plus d’autre terme à utiliser sous la main, alors je vous laisse vous faire votre propre idée sur le rythme imposé par l’auteur, mais surtout sur la manière dont vous le lirez 😉 En ce qui me concerne, je l’ai torpillé en deux coups de cuillère à soupe, et si j’avais eu une paille pour aller plus vite parce que Morphée me réclamait à corps et à cris, je l’aurais fait.

La plume acérée de René Manzor a fait mouche, il maîtrise son sujet sur le bout des doigts, l’enquête est palpitante à souhaits, et donne la part belle aux personnages, qui prennent le pas sur les détails scabreux de l’affaire. Ces détails ne sont pas au second plan, ni au premier, ils font partie d’un tout et épargneront les lecteurs qui n’aiment pas les détails gore et sanglants.

Vous me croirez ou pas : la fin du livre m’a fait pleurer comme une madeleine, j’ai relu les dernières pages plusieurs fois, en refusant cette fin qui, selon moi, ne pouvait pas l’être. Je me suis sentie toute vide, perturbée et choquée. J’en voudrais presque à René Manzor de m’avoir fait ça, même si, au fond de moi, j’espère qu’un jour il reprendra sa plume magique et me donnera des nouvelles des personnages.

De René Manzor, je ne connaissais que l’excellent film Le passage, regardé à l’époque entre autre parce que j’adorais l’album de Francis Lalanne, dont la musique a parsemé le film. Et que je suis une fan inconditionnelle de sa musique. Je viens de comprendre leur lien, et j’en suis toute émue. Ravie, aussi.

Monsieur Manzor, en un mot comme en cent : merci. A l’infini.

L’AVIS DE STANISLAS PETROSKY

Quand on est thanatopracteur, dans nos études, il y a les rites funéraires, selon les us et coutumes, et surtout les religions on prépare nos défunts différemment. Bien sûr ce n’est pas de la théologie, on survole, mais les traditions autours des morts sont extrêmement intéressantes, d’ailleurs William Gladstone disait : « Montrez-moi la façon dont une nation ou une société s’occupe de ses morts et je vous dirai avec une raisonnable exactitude les sentiments de son peuple et sa fidélité envers un idéal élevé ».

Bref, j’ai toujours eu une passion, si je puis dire, pour les rites funéraire, associez à cela une grande passion pour les polars, thrillers et autres romans noirs, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre…

En effet, une série de meurtres, où chaque défunt est mis en scène selon un rituel bien précis, de la théologie, de l’ésotérisme, voilà qui change un peu du tueur sériel qui se venge de sa « moman » en démembrant toutes les jeunes filles dans son van après les avoir violé avec un épis de maïs…

Là où Manzor fait très fort c’est que les scènes de crime sont assez sanglantes, victimes éviscérées et mises en scène plus que morbides, il y a bien sûr moult détails, mais jamais il ne sombre dans le gore, dans la surenchère de « puzzle humain » comme certains aiment à se complaire.

Nous allons donc avoir une série d’homicide violents, des rituels d’un autre âge mis en place, et surtout à chaque meurtre, on connait l’assassin, toujours un proche qui aime sa future victime plus que tout au monde…

Qui, ou quoi le pousse à agir de telle sorte ?

L’histoire vous absorbe dès le départ, dès les premières pages René Manzor vous a ferré pour vous emmener dans son univers, vous ne lâchez plus l’affaire, vous êtes pris dans les rouages de son cerveau machiavélique. Vous avez besoin, non pas forcément de connaître la fin, ça tout auteur sait, logiquement, faire, mais de comprendre. Celui dont le nom n’est plus est un livre qui vous fait travailler les neurones, car ce n’est pas le coupable que vous cherchez, ni même sa motivation, ça vous le comprenez au fil des pages, non vous cherchez le pourquoi et le comment… Pourquoi les tuer de telles sortes, et différemment à chaque fois, et comment le tueur s’y prend-t-il pour réussir ?

Et ce genre d’exercice est rudement plus compliqué à travailler, ne jamais donner trop d’indices qui ferai tout comprendre au lecteur, mais toujours exciter sa curiosité. L’obliger à tourner les pages, à ne pas reposer le livre.

Comme dans beaucoup de thrillers et polars, nous allons avoir LE couple d’enquêteurs au caractère opposés, le tandem indispensable de tout bon roman à trame policière.

Comment tu dis ?

Le truc est éculé ? Non, je ne pense pas, la preuve il marche encore à merveille cette fois, et surtout le principe du duo de caractères opposés permet de savoureux dialogues, de bonnes répliques :

—Bon… Admettons que quelqu’un les ait forcés à faire ça.

   La criminologue l’encouragea d’un hochement de tête.

— J’ai dit « admettons ». Ce serait quoi, son profil ?

—Vous faites allusion à ma « psychologie de bazar » ?

—Au point où j’en suis, je serais même prêt à essayer l’acuponcture.

On s’attache à ce flic ronchon…

Puis, petite cerise sur la gâteau, la fin, non continue de lire, je ne vais pas te spolier le bouquin, je te ferai pas cette vacherie là, mais crois-moi que même moi qui lit énormément et qui édite un peu, ben je l’ai pas vu venir, et surtout j’ai vraiment apprécié.

Pourquoi ?

Parce qu’un thriller qui a un arrière-goût de roman noir, moi j’dois vous avouer que cela me mets en joie, donc un seul conseil, lisez-moi ce bouquin et régalez-vous !

L’AVIS DE YANNICK P.

Londres, 3 meurtres, des personnes sont sacrifiées par leurs proches, des organes prélevés. Chacun laisse la même épitaphe.
Derrière ce titre, Celui dont le nom n’est plus, se cache un sacré thriller. Paru en 2014, car oui, il n’y a pas que des nouveautés, mais le fond de Pal recèle toujours des pépites. Avec Apocryphe, René se plaçait dans ma tête de liste des auteurs du noir. J’avoue qu’il aurait y avoir sa place bien plus tôt. Je corrige cet oubli.
Dès les premières pages, on sent la patte du scénariste et du réalisateur. René a le don pour nous enchainer à ses histoires. Il maitrise non seulement les sujets mais les ressorts qui font d’un thriller, un livre palpitant.
Ce qui à mon sens est vraiment agréable à la lecture, c’est la fluidité dont René fait preuve. Il réussit à augmenter la pression chapitre après chapitre. Chaque chapitre ouvre une révélation. Et de là, le lecteur que je suis, se retrouve avide d’en savoir plus. Une mission, une obligation, aller jusqu’à la fin de cette histoire. Bref, c’est un foutu page-turner. Et ce, jusqu’à l’ultime page.
Certes, c’est assez sanglant. On ne va pas se le cacher, on ne met pas des meurtres rituels en scène dans un Londres froid et humide, comme on converserait durant un Tea time. Mais chez René, jamais rien n’est gratuit. Chaque scène a sa raison d’être. Elle densifie le propos et dévoile des personnages hauts en couleur, façonnés avec précision. Chacun à sa propre histoire. Si le scénario est haletant, chacun des personnages principaux mériteraient à lui seul un opus. Ils sont denses, pétris de fractures mais aussi d’espoir. Le duo McKenna/Rhymes fonctionne à merveille. Il me rappelle un peu Scully et Mulder. Des individus aux antipodes dont la cohésion, l’union va réveiller ce qui les a traversés pour offrir le meilleur d’eux-mêmes, l’optimum de leurs capacités. Quant au protagoniste qui œuvre dans l’ombre, quelle maestria pour arriver à une telle emprise.
Clairement, l’intrigue va sortir le lecteur de sa zone de confort, lorsqu’elle attaque la théologie, l’ésotérisme. D’accord, on pourrait avoir le sentiment que le paranormal vient s’immiscer entre les lignes. Mais, non. C’est bien du deuil et de la puissance de la suggestion, dont il est question. Reste la question du don d’organes. Chacun a son approche personnelle.
Toujours est-il qu’en format poche, Celui dont le nom n’est plus, est un must à lire.

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Yannick P.https://nigrafoliablog.wordpress.com/
Jeune quinqua fringuant, serial Lecteur addict au roman noir" pour le reste, père aimant de 2 ados, marketeur de profession et amateur de whiskys, vins et de cuisine conviviale et auteur de TU JOUES TU MEURS !

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1 COMMENTAIRE

  1. Sébastien, ta chronique, je l’adore ! Elle est magnifique, et représente vraiment ce à quoi le lecteur doit s’attendre en le lisant. Merci !!

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