Liane MORIARTY : Un peu, beaucoup, à la folie

Liane MORIARTY - Un peu beaucoup folie
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  • Éditions Albin Michel le 31 janvier 2018
  • Traduit par Sabine Porte
  • Pages : 510
  • ISBN : 9782226393234
  • Prix : 22,90 €

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Trois couples épanouis. De charmants enfants. Une amitié solide. Et un barbecue entre voisins par un beau dimanche ensoleillé : tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment. Alors, pourquoi, deux mois plus tard, les invités ne cessent-ils de se répéter : « si seulement nous n’y étions pas allés » ?

Après le succès du Secret du mari, traduit dans 55 pays, et de Petits secrets, grands mensonges, adapté par HBO, Liane Moriarty continue de dévoiler la noirceur qui rôde sous les vies ordinaires et nous plonge au cœur des redoutables petits mensonges et des inavouables secrets de l’âme humaine… Fin, décapant, et jubilatoire.

L’AVIS DE CATHIE L.

Un peu, beaucoup, à la folie, Truly Madly Guilty en version originale paru en 2016 chez Pan Macmillan, éditeur australien, a été publié par les éditions Albin Michel en 2018. C’est le troisième roman de la romancière australienne.

Le style est fluide, agréable à lire, teinté de nombreuses pointes d’humour qui dédramatise le propos sérieux du roman : « Clémentine avait toujours dit à son père que si jamais elle avait un accident de voiture, il fallait qu’il revérifie qu’elle était vraiment morte avant que sa mère ne se mette à distribuer allègrement ses organes. » (Page 135)… « Elle se leva, les bras tendus et tâtonna adroitement jusqu’à l’embrasure de la porte qui se présentait toujours plus tôt que prévu. » (Page 143)… « A côté d’elle, Sam changea automatiquement de posture et prit l’air stoïque de celui qui se dit: J’écoute de la musique classique et j’espère que ce sera bientôt fini. » (Page 199).

Construction du roman : Un peu, beaucoup, à la folie est construit autour du leitmotiv : « Si seulement nous n’étions pas allés à ce fameux barbecue », attisant la curiosité du lecteur qui se demande alors : « Mais que c’est-il donc passé ? », tournant fébrilement les pages jusqu’à la révélation finale. Car l’auteure tricote allègrement ses chapitres entre présent et passé, chaque protagoniste racontant une partie de cette journée telle qu’il l’a perçue, qu’il s’en souvient, mêlant au récit ses pensées et commentaires intérieurs. Là réside l’inventivité de Liane Moriarty.

L’intrigue

Où il est question d’une magnifique journée d’été. D’un barbecue entre voisins. Tout est réuni pour passer une excellente journée, au souvenir impérissable…

Mais au cours du roman, chacun des six adultes présents raconte cette journée fatidique selon les souvenirs qu’il en a conservés. Et qui sont loin de constituer de bons souvenirs. Il y a donc la situation « avant le barbecue » et « après le barbecue ».

« Elle avait l’impression qu’il n’avait pas cessé de pleuvoir depuis le jour du barbecue, même si ce n’était pas le cas, elle le savait. Quand elle repensait à sa vie d’avant le barbecue, elle était empreinte d’une lumière dorée. » (Page 40)…

« Tout ce qu’elle savait, c’est que Sam et elle n’avaient rien à voir avec ceux qu’ils étaient à présent, à peine huit semaines plus tard. » (Page 157).

Il aura fallu un enchaînement d’événements fâcheux, qui auraient pu tourner au drame pour que chacun d’entre eux réévalue sa vie, son mariage, sa profession à l’aune de ses envies et de ses rêves oubliés, se demandant: quelles sont mes priorités dans ma vie et quels sacrifices suis-je prêt(e) à faire pour y parvenir ? Que suis-je prêt(e) à faire pour ceux que j’aime ? Tout est là… Se recentrer sur l’essentiel, sur SON essentiel…

Les personnages

Les portraits des différents protagonistes de cette histoire sont malheureusement un peu trop simplistes, fonctionnant en duos caricaturaux: on retrouve en effet la fille naïve et rêveuse / son amie sérieuse et bien ancrée dans la réalité ; la mère parfaite / la mère souffrant d’accumulation compulsive ; le mari attentionné / le mari incapable de gérer ses émotions ; le couple uni / le couple bancal => Manichéisme qui dissout la profondeur de la psychologie des personnages en une présentation trop convenue.

Malgré ce bémol, l’auteure montre son talent dans sa façon de décrire les incompréhensions, les questions sans réponses qui régissent les relations entre les duos, dans un jeu d’allers-retours complexe: Erika avec sa meilleure amie, Clémentine; Sam avec sa femme Clémentine ; Erika avec sa mère Sylvia ; Tiffany avec sa fille Dakota.. .Rien n’est jamais simple, ni résolu d’avance.

Les lieux

L’action de Un peu, beaucoup, à la folie se passe à Sydney. L’essentiel des descriptions de lieux concerne les maisons et jardins des principaux protagonistes, chacune à l’image de ses propriétaires : la maison aux allures de château « avec ses arabesques et ses fioritures délirantes » du couple Vid/ Tiffany, pleins aux as et un peu « m’as-tu-vu » ; le petit pavillon beige de plain-pied d’ Erika et d’Oliver,, d’un strict minimalisme, « une maison rassurante, dépourvue de personnalité, qui leur ressemblait tellement » ; la maison sans cesse en désordre de Sam et Clémentine, trop petite pour accueillir leur famille, mais finalement la plus chaleureuse. Dis-moi où tu vis, je te dirai qui tu es….

Mon avis

Un peu, beaucoup, à la folie est le premier roman que je lis de cette romancière australienne. Je ne peux donc établir aucune comparaison, ce qui, finalement, n’est peut-être pas plus mal, mais j’avoue avoir été un peu déçue par certaines ficelles trop grossières qu’elle utilise pour mener son intrigue. Je m’attendais à un récit moins mièvre, plus percutant en ce qui concerne la psychologie des personnages.

Cela dit, j’accorde volontiers à Un peu, beaucoup, à la folie des qualités indéniables: sa construction « bicéphale » entre passé et présent, tissant peu à peu, sous les yeux du lecteur, la trame des événements qui ont bouleversé la vie des personnages, guidée par le fil rouge : « Que s’est-il passé ce jour-là ? »

J’ai également apprécié la façon dont elle aborde le thème de la relation mère-fille, même si, comme je l’ai écrit plus haut, les personnages manquent un peu de profondeur, d’épaisseur: les non-dits, les exigences que chacun attend de ses enfants, de son conjoint, peuvent être source de conflit intérieur et de souffrance psychologique, comme on le voit notamment avec Clémentine qui, incapable de communiquer à Erika et à son mari ses ressentis les plus profonds, risque de perdre leur amour.

Il faudra un événement dramatique qui aurait pu tourner à la catastrophe pour permettre à chacun de trouver le chemin du pardon afin de croire à nouveau en soi, et en ceux qui les aiment. Un roman qui somme toute se laisse bien lire, proposant un agréable et bienfaisant moment de lecture, distillant humour et petites vérités, comme un manuel de savoir-vivre en couple et en famille.

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Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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