Jeffery DEAVER : Série Kathryn Dance – 05 – Peur panique

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Jeffery DEAVER - Kathryn Dance - 05 - Peur panique
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  • Éditions des Deux Terres le 4 octobre 2017
  • Editions Livre de Poche 14 novembre 2018
  • Traduit par Pierre Girard
  • Pages : 696
  • ISBN : 9782253237419
  • Prix : 8,90 €

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Un début d’incendie, des issues de secours bloquées et c’est une foule entière qui panique à en devenir hystérique. L’homme retrouve son état animal et, face à la mort, le chacun pour soi l’emporte.

Kathryn Dance, agent spécial et experte en langage du corps, travaille pour le California Bureau of Investigation. Mise à l’écart après avoir laissé s’échapper un chef de gang criminel, elle est sommée d’enquêter sur la tragédie de Solitude Creek, cette salle de concert où une centaine de fans s’est retrouvée piégée et d’où certains n’ont pu sortir vivants. Tout semble laisser penser à un accident, mais Kathryn est persuadée du contraire. Et lorsqu’un événement similaire a lieu quelques jours plus tard, c’est dans une véritable chasse à l’homme que se lance notre enquêtrice.

Jeffery Deaver tisse un thriller puissant, dérangeant, où s’expriment les peurs les plus primitives de l’homme.

L’AVIS DE LAURENT FABRE

Peur panique de Jeffery Deaver est la quatrième enquête de Kathryn Dance.

Elle est apparue dans Clair de lune (2008) pour la première fois pour prêter main forte au duo d’enquêteurs new-yorkais Lincoln Rhyme et Amelia Sachs (dont Bone Collector ou Le désosseur a été adapté au cinéma avec Denzel Washington dans le rôle de Rhyme et Angelina Jolie pour Amélia), à appréhender un tueur en série surnommé L’horloger.

Puis ce fut au tour de La belle endormie (2009) et Des croix sur la route (2012).

A l’instar de ses collègues new-yorkais, Kathryn Dance travaille pour le CBI (California Bureau of Investigation), ses spécialités : la kinésiologie et la synergologie.

La kinésiologie consiste lors de scènes d’interrogatoire à analyser et à déchiffrer les mouvements et postures du langage corporel qui peuvent trahir une certaine tension, le stress …à partir d’une base de référence.

Et pour traduire ces différentes postures du sujet interrogé suivant un panel de questions, il faut analyser, lire et décoder dans un langage compréhensible en suivant un protocole qui s’apparente à une grille de lecture du langage non verbal. Le but est de savoir si le sujet dit la vérité ou pas. C’est la synergologie.
Ce sont des disciplines nouvelles.

L’agent spécial Dance participe donc activement aux enquêtes qui se déroulent donc sur la côte californienne, dans le comté de Monterey (près de San Francisco et au nord de Los Angeles).

Comme les profilers qui n’ont pas toujours les faveurs dans les services des forces de l’ordre, Kathryn Dance doit faire ses preuves et démontrer qu’elle peut apporter de l’eau au moulin, au coeur d’une enquête.

Et justement elle entre en scène pour interroger un employé à la solde d’un chef du crime organisé. Pourtant, il nie tout en bloc et ne rien connaître des us et coutumes de son employeur.

Après moult questions, on le laisse repartir… à tort, une information parvenue trop tard aux oreilles des enquêteurs fait état d’une dénonciation au détriment de … l’employé. C’est trop tard, il est déjà dans la nature !

Tout le monde incrimine alors l’agent spécial d’avoir laissé filer un suspect sérieux dans une enquête sensible.

On l’affecte alors dans le civil et sa première mission est d’enquêter sur l’incendie d’une boîte de nuit, le Solitude Creek.

Dans un premier temps, elle pense comme tout le monde, à un feu accidentel, ce qui a indubitablement déclenché un mouvement de panique et provoqué des morts, compression par axphyxie et de nombreux blessés.

Pourtant, quand un autre drame épouvantable présentant un mode opératoire similaire surgit… deux jours après, il ne fait plus aucun doute qu’un criminel de la pire espèce sévit dans la région…

« Pourquoi ne s’est-il pas contenté de mettre le feu ? »
« Pourquoi n’a-t-il pas abattu ses victimes ? »

La complexité du criminel qu’elle poursuit avec ses collègues enquêteurs est une machine à tuer… à distance, sans se salir les mains.

Il préfère que les victimes s’entretuent et sa frustration n’en est plus que grande si aucune victime n’est à déplorer dans les informations ultérieures…

Comme le titre du roman l’énonce, le criminel crée des situations de panique, il met en scène des scénarios machiavéliques afin d’amener les victimes à éprouver la peur, de celle qui vous piège dans un lieu clos, sans porte de secours en vue ou qu’il aura méticuleusement condamné préalablement, il joue avec les perceptions des uns, les sensations des autres, l’effroi, la peur, la grande bousculade, réactions en chaîne, goulet d’étranglement, qu’il aura causé dans la tête de chacune des personnes enfermées, à jouir du spectacle pas directement en direct mais par la suite, à la télévision, dans les journaux.

C’est un tueur parfaitement organisé, soigneux dans les détails, il sait parfaitement ce qu’il fait, subtilité et finesse, ce qui compte à ses yeux, c’est de réussir, peu importe ce que les gens voient, il est juste sans pitié, diabolique et dangereux car il n’éprouve absolument aucun remord. Sadisme, voyeurisme, exhibitionnisme sont des penchants pervers qui peuvent donner lieu à un cocktail explosif et totalement incertain dans le contrôle des pulsions et dans la satisfaction du désir primal.

Pour y parvenir, la destruction et le chaos provoquées ensemble sont ses maîtres mots.

Ces mouvements de panique provoqués par son esprit intelligent et rusé démontrent combien l’être humain peut se transformer en une entité furieuse, primaire, oubliant totalement l’affection ou l’amour de son prochain, chacun cherchant à sauvant sa peau, les humains se transforment en des bêtes sauvages comme d’avant la civilisation avec des gestes et des réactions totalement surréalistes et imprévisibles

Le criminel calcule savamment son scénario, tel un maître d’orchestre, il prévoit et anticipe sans relâche car son intelligence hors du commun lui permet de fuir quand il sent la proximité des forces de l’ordre, il improvise brillamment et devient un manipulateur hors pair, une âme noire dotée d’une érudition impressionnante, il ressent des pulsions et des besoins irrépressibles qui le pousse à accélérer la cadence s’il ne provoque pas de nouveau ces peurs panique, il éprouve un plaisir intense de voir la mort, du sang.

« Le sang de tous »

Le roman joue sur plusieurs tableaux d’enquêtes et tout en se replongeant dans un passé, des souvenirs qui vont surgir dans la conscience / inconscience du criminel, quel a été le facteur déclencheur dans sa vie ? Comment et pourquoi il est devenu cet homme, cette bête furieuse, ce monstre de foire non pas en apparence mais dans sa plus infâme constitution mentale ? Est-il possible de réfréner ses instincts irrésistibles avant le passage à l’acte et si oui, jusqu’à quand ?

Il s’appuie énormément ce qu’il appelle l’humanité expliquée par son histoire pour voir ses tendances et ce qu’il est vraiment, le grand nivellement du temps qui passe, l’importance de se référer à des modèles d’illustres aînés qui le pousse à assouvir ses instincts primaire, ses besoins élémentaires. Comme un cycle classique de l’accoutumance, satisfaire ses désirs avant tout, répondre à ses appétits et ses besoins incontrôlables.

Mais comme souvent chez Jeffery Deaver, sa narration va vous emmener dans des contrées insoupçonnables, de nouvelles pistes, des retournements de situation inattendue, le récit va alors prendre une nouvelle destinée, emprunter d’autres sentiers qui va donner encore plus de rythme et vous pousser dans vos derniers retranchements.

Ses personnages de tueurs, de criminels tous plus retours et pervers les uns que les autres, à chaque livre, démontrent les facultés et le talent de l’auteur à se renouveler, à trouver de nouveaux terreaux de personnalités atypiques et délicieusement sinistre et abject. Pour le plus grand plaisir des lecteurs en attente d’un super thriller à dévorer !

Lire Jeffery Deaver, c’est se plonger dans des thrillers « américains » certes mais pas seulement, il y a toujours cette analyse fine et pointilleuse de la société américaine avec des thèmes qui résonnent dans l’actualité d’aujourd’hui (les jeux vidéos et son ou impact sur des esprits, les comportements induits, la violence accrue dans les films et les sites internet, on parle de true crime, de snuff movies, légende ou réalité ? Avec en toile de fond, le réseau profond Darknet…), ses sempiternelles et inévitables conflits d’intérêt entre les différents services des forces de l’ordre, coopération, complémentarité, déférence obligatoire pour propulser et tendre vers un seul et unique objectif : la capture du criminel.

« De A à B à Z »
« Libérée, délivrée »

Peur panique se révèle un thriller puissant, réglé comme une horloge, mené tambour battant, un de ces romans addictif qui ne vous lâche pas jusqu’à la fin, c’est précis, stressant, harassant, j’ai rapidement été conquis par cette enquête complexe qui ne ressemble à aucune autre.

Bien sûr, on retrouve tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un récit de format thriller avec tous les tenants et aboutissants, les procédures d’enquêtes ultra-complètes, plausibles, réalistes, d’une cohésion sans faille, l’auteur est un maître en la matière.

Le récit alterne entre différentes investigations, Kathryn Dance ne se remet pas de sa défection à n’avoir pas su trouver la faille lors de l’interrogatoire de l’employé d’un chef de cartel de la drogue.

Son opiniâtreté, sa détermination, son expertise discutée va trouver une nouvelle ressource et rebondissement dans cette enquête au « civil » de Solitude Creek puis au Bay View Center. Suivre son instinct, son intuition, ses bases de référence.

Elle veut participer aux deux enquêtes et trouver un équilibre avec sa vie privée compliquée, entre son nouvel amant suite au décès de son mari (voir enquêtes précédentes), ses enfants qui sont encore relativement jeunes.

Bref, c’est la croix et la bannière pour cette enquêtrice experte en kinésiologie et mère de famille. Elle doit jongler entre ses différentes obligations et priorités.

C’est une battante, une perfectionniste qui veut à tout prix avancer dans la vie, un modèle de vie sociale bien intégrée, elle doit composer aussi avec ses états d’âme ou ses coups de blues qui la font chavirer par instant.

Elle est constamment sur la brèche, démontre une façade faite de bloc doublée d’une analyste comportementale hors pair avec cette équilibre précaire dans une vie privée en mutation constante.

L’écriture de l’auteur est toujours d’une fluidité exemplaire, pas de temps mort, les scènes « familiales » permettent de souffler et d’en apprendre un peu sur la sphère intime du personnage principal, Kathryn Dance, tous les personnages sont parfaitement à leur place, remplissent leur office dans tous les compartiments du récit intense, c’est comme dans un jeu d’échecs avec le criminel pour le Fou et Kathryn avec la Reine, cela sonne comme une version du chat et de la souris, le prédateur et la victime se jaugent comme deux ennemis, d’abord par distance interposée puis des barrières sont progressivement renversées et provoquent alors une inversion des rôles, l’un à la place de l’autre et réciproquement, le scénario de peur panique est implacable, calibré au millimètre près, je suis encore et toujours un grand fan de Jeffery Deaver depuis la première heure (son premier livre et traduit aussi en français date de 1988), il incarne ce que j’appellerai le thriller à l’américaine mais sans les paillettes d’Hollywood ou les accords de violons grinçants voire pompeux qui pourraient donner une mauvaise image du suspense.

Comme pour les personnages de l’autre série traduite en française, le duo Rhyme et Sachs, je trouve le personnage de Kathryn Dance comme l’archétype de la femme moderne qui doit jongler entre ses différentes missions tant professionnelles et personnelles. Son histoire d’amour est tout en symbiose avec sa vie en général, jusqu’au dernier moment, tout est possible, c’est dire combien il m’a été difficile de lâcher la lecture avant la fin, j’ai lu la deuxième partie de l’histoire d’une traite.

Certains reprochent aux livres de Jefffery Deaver d’être trop long, redondant, de tourner parfois en rond, je dirai qu’il n’en est rien, lire un thriller de 500 pages est passé comme une lettre en à peine 2 jours et en ne forçant pas le trait, c’est tout comme dans la vie, la lecture d’un thriller de Deaver est un plaisir agréable, aisée mais exigeante, demandant une certaine dose de concentration et de passion constante pour s’accrocher et l’histoire et ces personnages tous d’un intérêt grandissant au fur et à mesure de l’évolution et qui se verra rapidement récompensée par une satisfaction livresque, une histoire passionnante et spectaculaire, inattendue, surprenante et rondement menée et maitrisée de bout en bout.

Magistral, impressionnant dans sa structure narrative et analytique du criminel, tout n’est pas noir dans ce thriller de haut niveau, l’amour a sa place, du suspense qui ne retombe pas trop rapidement comme un soufflet comme chez certains thrillers, de l’humour intelligent et savamment dosé ou distillé, j’apprécie, ni trop peu, ni pas assez bref, j’ai passé un très bon moment de lecture et il me tarde de lire la suite des aventure de l’agent spécial du CBI Kathryn Dance dans une nouvelle enquête.

Je termine en remerciant les éditions Lattès et les éditions Les 2 Terres pour l’envoi du roman.

L’AVIS DE HÉLÈNE B.

Si la peur peut décupler les forces physiques d’un individu, elle peut aussi le réduire à un état primitif absolu dans lequel seule la survie compte et ce par n’importe quel moyen. On a tous déjà entendu parler de bousculades meurtrières dans des stades ou des concerts. Nous sommes souvent surpris de voir avec quelle brutalité des êtres humains arrivent à piétiner jusqu’à tuer (sans le vouloir) quelqu’un pour fuir un danger. Ce roman va très loin dans le sordide puisque le meurtrier utilise la peur comme unique arme.

IL crée un mouvement de panique dans un lien bondé de monde, dans le but de faire le plus de victimes possibles. Le meurtrier fait surgir les instincts les plus vils de l’être humain. Ce thriller psychologique est complétement incroyable. Pour résumer, ce roman met en scène l’agent Dance, spécialiste en kinésiologie, et récemment mise de côté pour avoir laissé filer un suspect très convoité. Si sa détermination lui dicte de ne pas laisser tomber l’affaire, elle s’en retrouve écartée et doit se charger de s’occuper d’un accident dans une salle de concert qui a causé la mort de quelques personnes. L’accident dû à un mouvement de foule causé par un début d’incendie interroge l’agent Dance. Les issues de secours étaient bloquées par un camion, la piste criminelle est donc envisagée rapidement. Quand un autre accident de la même sorte a lieu, l’agent Dance commence une vraie traque du meurtrier.

En parallèle, nous suivons l’agent Dance dans sa vie personnelle, amoureuse et familiale. Les chapitres nous invitent chez elle, dehors sur le pont, une parenthèse pour le lecteur dans ce récit effrayant. Le roman est assez long, mais je ne me suis pas ennuyée. Le rythme n’est pas rapide certes mais les faits s’enchainent avec logique, l’auteur s’attardant sur des indices importants et sur la psychologie du tueur. En effet, nous suivons le tueur dans sa folie, ses projets, ses méthodes. On découvre un homme abject, immoral, préparant avec une grande minutie ses meurtres. Créer la panique dans un lieu fermé c’est ramener l’Homme à un instinct de survie qui se révèle souvent égocentré.

En effet, par peur, le « chacun pour soi » domine, la victime ne réfléchit plus qu’à une seule chose : sortir vivant de cet enfer. De même, certaines victimes prises au piège se voient faire des choses inimaginables comme sauter d’une fenêtre pour échapper à une alerte. Ce thriller évoque au final les mécanismes de protection qui peuvent faire de l’homme un être complétement privé de tout ce qui fait son essence (réflexion et intelligence).

Ce roman m’a vraiment plu par sa force psychologique et par son rythme ni trop rapide, ni trop lent qui nous permet de nous imprégner de la logique destructrice du meurtrier.

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