Interview de l’auteur Stéphane PAJOT

STEPHANE PAJOT
photo Arnaud Jaffré

Sébastien MOUSSE : Bonjour Stéphane, c’est donc avec un grand plaisir que j’ai lu ton petit dernier en date, Anomalie P., on ne va pas se la faire en biais, ce n’était pas chose gagnée, je suis un type cartésien, amoureux de la littérature noire. Et pourtant, dès les premières pages tournées, j’étais croché. C’est quoi cette histoire de Batraxil, t’en prends ?

Stéphane PAJOT : Dans ma jeunesse débridée (qui se souvient des 103 SP ?), j’ai testé quelques trips dont certains pris aux Francos de la Rochelle à la grande époque du père Foulquier, de Lavilliers qui chantait « C’est un mauvais garçon » (avec Yvette Horner, si, si !) ou de Jacques Higelin, le fidèle. On campait en face les deux tours du port, c’était l’état de fête permanente, notre petit woodstock annuel. Je suis parti en live à plusieurs reprises, voyageur immobile direction les paradis artificiels. Comme dans la chanson. Le seul souci, c’est la descente, le retour sur le plancher des vaches folles, surtout sans parachute. J’ai lâché l’affaire après un bad trip mais les expériences m’ont beaucoup servi pour entrer dans le délire du Batraxil, un acide dont le nom est une pure invention.

Séb : Une fois de plus on retrouve Nantes, sa région, et ses grenouilles… La grenouille, c’est un animal que tu aimes, un genre totem, comme certains idiots avec le crocodile ?

Stéphane : C’est un animal qui me plonge dans l’enfance et l’enfance c’est la chose la plus fragile et la plus importante dans l’histoire de chacun. J’en ai péché et mangé des grenouilles. Je n’en avais jamais fumé ou pris en trip. Dans Anomalie P. c’est chose faite et ça m’a permis d’en connaître un rayon sur les crapauds hallucinogènes.

Séb : Cela part comme un polar, puis doucement on entre dans le fantaisy, et surtout la poésie. C’est un peu comme si Breton et Dali s’étaient amusés avec ton texte, il est teinté de surréalisme. Ce n’est pas au départ ton style littéraire, une envie, une pulsion ?

Stéphane : Une commande en quelque sorte. L’idée initiale d’un délire autour d’une cité des grenouilles revient au Nantais Philippe Guihéneuf. Il prépare un film sur le sujet et m’a demandé d’en écrire un livre avant sur la base d’un synopsis. J’ai d’abord essayé dans une version conte fantastique mais je n’y arrivais pas. Je lui ai proposé de le « polardiser » en trouvant l’astuce du LSD, le fameux Batraxil. L’utilisation de cette drogue m’a permis d’imaginer un autre monde, celui des grenouilles et de rester dans le polar même si celui-ci n’est effectivement pas du tout dans les normes habituelles.

Séb : Sous couverture de grenouilles qui ont quelques petits défauts, qui ne sont pas pareilles, pas de la même race, un livre qui s’oriente vers le respect de la différence. Les batraciens comme ambassadrices de paix ?

Stéphane : Ce sont effectivement des métaphores pour dénoncer le culte du « tous pareils » et des gens, des enfants ou des seniors, qui sont exclus en raison de leur couleur de peau, de cheveux, de taille, d’âge, de religion, d’un handicap. Je reste un grand pacifiste qui prône le peace and love.

Séb : Sinon vu comme tu causes de Batraxil, tu n’as pas peur que l’on retrouve au printemps des mecs en train de lécher le dos des crapauds pour se payer des trips ?

Stéphane : Je n’ai rien inventé, ça existe déjà ! Aux Etats-Unis et en Australie, des venins de crapauds sont utilisés par des toxicos. Je ne sais pas en revanche si les grenouilles polydactyles permettent de se défoncer. Ca mériterait d’essayer, encore faut-il en trouver. Elles ont disparu du lac de Grand-Lieu depuis 1968 ! Anomalie P. est avant tout un roman dont les ingrédients sont bien réels mais leur mélange reste une fiction.

Séb : Stéphane, je te remercie pour cet entretien, au plaisir l’ami !

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