Interview de l’auteur Eric Chavet

Rencontre avec l’auteur Eric CHAVET

Eric chavetPouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?

Difficile de résumé 45 ans en quelques mots… Voilà, vous connaissez mon âge. Je vous fais grâce de mon enfance, pas malheureuse du tout, et de mes études, pas remarquables au point de s’y attarder. Mes premières ambitions se sont tournées vers le cinéma. Je me rêvais scénariste. J’ai rapidement bifurqué vers la pub : concepteur-rédacteur… scénariste pour boites de conserves, en quelque sorte. Mais suite à mes premières expériences en agence, j’ai compris que je ne serais jamais en phase avec ce monde. Alors chômage, puis commercial, pour vendre des cigares, ensuite du matériel médical dans les hôpitaux (suite logique du parcours client !) Après quelques années sur les routes, j’ai fait le grand saut… J’ai rejoint la petite entreprise familiale, que je dirige aujourd’hui. Voilà, pour mon monde professionnel… Je ne m’étalerai pas sur ma vie privée, déjà pour qu’elle le demeure. Je suis entouré de mes trois enfants (l’ainée est une écrivaine en herbe), et de la femme que j’aime. Ah… J’ai aussi un chat, pour être tout à faire complet.

Comment vous est venue l’envie d’écrire ? A quelle période ?

Impossible de répondre à cette question… En fait, écrire est une évidence, j’ai l’impression que cette envie m’a toujours accompagné. J’ai achevé mon premier polar à environ 16 ans. La seconde mort… Je n’ose pas le relire. Le manuscrit doit être quelque part dans le garage. Ça doit être assez mauvais… Avant ce roman, je m’étais aventuré dans l’humour, un recueil de pensées sur les grands thèmes de la vie (mort, religion, sexe…) Une certitude : n’est pas Desproges qui veut ! J’avais aussi la chance d’avoir, enfin mes parents, une caméra vidéo… Fin des années 80, croyez-moi, c’était encore une chance ! Alors, j’écrivais des petits sketches et fausses pubs qu’on tournait avec des copains. On était à la grande époque des Nuls, j’étais fan. Puis j’ai griffonné de la poésie, plutôt sombre. Le spleen du jeune adulte. Plus tard des nouvelles… Enfin voilà, plusieurs choses dans des univers assez différents. Donc, pour en revenir à votre question… Impossible d’isoler une période de ma vie, un jour où je me serais réveillé en me disant : tiens, et si j’écrivais… Plus qu’écrire, en fait, j’ai toujours eu besoin d’imaginer, de créer des histoires.

Quelles étaient vos lectures de votre enfance ?

Peut-être est-il préférable d’évoquer les lectures de jeunesse. Parce que pour l’enfance : Jack London, Mon amie Flicka, la Bibliothèque Rose, puis Verte… Pas de souvenirs mémorables. Ma première lecture importante, révélatrice, qui se situe vers mes 14 ans, après une petite période Exbrayat, fut San-Antonio. J’ai été bercé par la poésie de Frédéric Dard, une lecture un temps quasi exclusive. Pour les auteurs plus académiques, les lectures plus « sérieuses », j’avais adoré Le rouge et le noir. Sinon, je dois bien avouer qu’à cette époque, la « grande » littérature m’ennuyait, disons-le, littéralement. Puis j’ai découvert Pierre Desproges, sa façon de manier les mots, ce regard cyniquement drôle des choses. Presque une révélation, quand vous pouvez affirmer que s’il vous fallait ressembler à quelqu’un, ce serait lui ! Mon éclectisme littéraire est venu tardivement. Citons Boris Vian, une de mes références de jeunesse. J’adorais, et j’adore toujours maintenant, sa folie, son imagination qui ne semble pas connaitre de limite. Je peux aussi citer John Irving, avec Le monde selon Garp.

Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)

Mon rythme de travail est très inégal. Principalement parce que je dois aussi partager mon temps avec un travail chronophage, et mon envie d’être présent pour ma famille. Le vacarme du papillon… J’ai mis plus de cinq ans à le finaliser, avec plus d’une année entière sans y toucher. Ensuite, ma façon de procéder… Un début, et une fin, c’est souvent comme que ça que débutent mes projets. En ce qui concerne le vacarme du papillon, je savais d’où je voulais partir, et où je devais arriver. Il fallait ensuite construire le reste, élaborer la partition. Mais chaque roman peut avoir une genèse différente, comme pour celui que je rédige actuellement, d’ailleurs. Je voulais au départ écrire une histoire dans l’esprit du film Little Miss Sunshine. Une sorte de road movie un peu déjanté. De cette première idée centrale, qui est à la source du roman, a abouti quelque chose de radicalement différent. Souvent, les ambitions de départ évoluent au fil des mots, et des idées. J’ai tendance à me laisser porter et explorer des directions imprévues… C’est une des raisons pour lesquels, lorsqu’il s’agit notamment de polars qui reposent généralement sur des scénarii complexes, et dans lesquels chaque détail à son importance, je m’astreins à finaliser un plan avant de commencer la rédaction. Ne serait-ce que pour éviter au maximum les invraisemblances qui peuvent surgir, mais cela me permet aussi de me « cloisonner » dans une trame définie, et de ne pas m’égarer dans certaines digressions qui nuiraient au déroulé de l’histoire.

Il y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?

Non… Tout est factice. Et la ressemblance avec des personnages existants seraient totalement fortuite.

Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre livre et sa parution ?

Oui. Long, difficile, fastidieux. Il l’est encore. Je découvre, j’apprends. On navigue tout le temps entre satisfaction, et profond découragement. Déjà, écrire un livre est une épreuve. Je reste insatisfait à chaque relecture, je peux réécrire la même phrase des dizaines de fois avant de trouver la musique qui me convienne. Un livre porte en lui tant de vous-même, qu’il puise une tonne d’énergie. Le jour, parfois la nuit… Ensuite, affronter le regard, les critiques, de vos proches, puis du monde de l’édition, et en bout de chaine d’un public plus large… C’est comme un grand saut dans le vide, avec le risque de toucher le sol très violement. Alors oui, le parcours est difficile, mais les satisfactions sont à la mesure des déceptions, lorsqu’elles arrivent. Et puis… Ne plus écrire, c’est un peu comme arrêter de respirer. Alors je sais que je continuerai, quoiqu’il arrive.

Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs ?

Des remarques surprenantes, non. Enrichissantes, souvent. Marquantes, oui… Quand quelqu’un vous dit qu’il a adoré votre histoire, et qu’en quelques mots il a chassé tous les doutes qui se sont accumulés.

Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?

Je ne suis pas un homme de passions… En ce sens où je suis quelqu’un qui aime découvrir des choses dans des domaines divers. La passion est forcément exclusive, on ne peut pas les enfiler comme des perles, parce que si elle est véritable, elle prend tout, occulte tout le reste. Alors je joue un peu de guitare, je fais un peu de tennis, je vais un peu au cinéma, au théâtre… Il y a tant de choses à découvrir, et pas seulement dans le domaine artistique. Je picore sans, en conséquence, aller au fond des choses. Sauf pour l’écriture.

Quels sont vos projets ?

D’écriture ? Ils ne manquent pas… J’aimerais trouver un éditeur pour un roman maintenant finalisé… Le sourire de la passerelle. Différent de l’univers du polar. Une simple histoire de sourire. Ensuite, j’ai achevé le scénario d’un prochain policier, et sa rédaction est déjà bien avancée. Mais c’est un gros projet, il y a encore pas mal de travail. Et plein d’autres choses encore.

Quels sont vos coups de coeur littéraires ?

Dernièrement… Le Fils de Philipp Meyer a été un choc. J’ai vraiment apprécié. Parfois très violent, mais sans jamais tomber dans une violence gratuite. Il dépeint une époque, et en ressort toute sa dureté. Dans un autre style, Le Royaume d’Emmanuel Carrière est aussi magistral. Plus ardu à apprivoiser, mais il offre une plongée dans le début du christianisme très aboutie. Au revoir là-haut de Lemaitre, est aussi un de ceux que je retiens dans mes dernières lectures… Raison pour laquelle peut-être, je suis un peu resté sur ma faim par Trois jours et une vie, malgré toutes les qualités de ce livre. Difficile de retrouver la même puissance…

Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman ? A moins que le silence suffise ?

Le silence est certainement le choix le plus judicieux pour apprécier le vacarme d’un papillon.

Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?

J’ai une page Facebook (https://www.facebook.com/ericchavetauteur/) et un blog sur mon site perso (http://www.eric-chavet-auteur.com/). J’en profite pour diffuser mes actus, mais aussi des chroniques littéraires. J’apprends à utiliser d‘avantage la toile, pour partager, et rencontrer.

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Co-fondateur de Zonelivre.fr. Il est le rédacteur en chef et le webmaster du site.

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